Alors qu’Emmanuel Macron a reporté sine die la conférence, censée relancer cette semaine à New York la solution à deux États au Proche-Orient, une très large majorité de Français rejette toute initiative diplomatique hâtive.
Passer la publicité Passer la publicitéL’engagement d’Emmanuel Macron à reconnaître un État palestinien se concrétisera-t-il avant la fin de son quinquennat ? Alors que le président de la République vient d’ajourner la conférence prévue à l’ONU, censée relancer cette semaine à New York la solution à deux États au Proche-Orient - en raison de l’attaque israélienne sur l’Iran -, cette perspective ne suscite guère d’enthousiasme chez les Français. Selon un sondage Ifop réalisé pour le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), et publié par Le Point, 78% des personnes interrogées s’opposent à une reconnaissance précipitée d’un État palestinien, «tout de suite et sans condition». Et ce, malgré le fort écho médiatique autour de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, conséquence de l’offensive militaire d’Israël lancée en représailles aux attaques terroristes du 7 octobre 2023.
Si l’opération, officiellement destinée à libérer les derniers otages et anéantir l’organisation djihadiste, a repris en mai après un cessez-le-feu temporaire, l’intensité de la riposte ainsi que l’instauration - en partie levée - d’un blocus humanitaire sur l’enclave palestinienne, sont unanimement condamnées par la communauté internationale. De quoi inciter progressivement le chef de l’État à envisager la reconnaissance d’un État palestinien, dans le sillage de l’initiative menée par l’Espagne, la Norvège et l’Irlande, qu’il semble utiliser comme un levier diplomatique à l’encontre du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
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Emmanuel Macron a eu beau réaffirmer la semaine dernière sa «détermination», l’acte diplomatique qu’il appelle de ses vœux demeure conditionné à plusieurs prérequis, au premier rang desquels la démilitarisation du Hamas à Gaza et de tout futur État palestinien. Une position qui rejoint celle de 47% des sondés, favorables à une voie médiane : une reconnaissance n’est envisageable qu’après la libération de la cinquantaine d’otages encore retenus par le Hamas et la reddition de celui-ci. Une hypothèse pour l’heure des plus fragiles.
Un niveau surprenant côté LFI
Sur le plan politique, les résultats ont de quoi étonner à gauche de l’échiquier. «Une fois de plus, la fracture est patente» dans ce camp, souligne Frédéric Dabi, directeur général de l’institut de sondage Ifop, auprès du magazine. Fait marquant : seuls quatre sympathisants écologistes sur dix (42%) mais surtout six partisans de LFI sur dix (58%) se disent favorables à une reconnaissance immédiate d’un État palestinien. Un niveau relativement bas, d’autant plus surprenant que le mouvement mélenchoniste a fait, depuis un an et demi, de la cause palestinienne l’alpha et l’oméga de son discours politique. Voire son principal marqueur idéologique.
À l’inverse, les Français proches de la droite (17%) et du Rassemblement national (6%) s’opposent très largement à une reconnaissance immédiate de la Palestine. Autre enseignement notable : seule une minorité de sympathisants de la majorité présidentielle (24%) et même des électeurs d’Emmanuel Macron (16%) soutiennent une telle démarche sans délai. Trois quarts de ces derniers privilégient une approche sous conditions ou un report de la reconnaissance.