Amazon veut ressusciter les scènes manquantes de La Splendeur des Amberson d’Orson Welles grâce à l’IA

L’intelligence artificielle continue ses explorations dans le monde du cinéma. Le Hollywood Reporter  a révélé dans ses colonnes début septembre qu’Amazon souhaitait soutenir financièrement l’entreprise Fable, spécialiste des vidéos générées par l’IA, qui rêve de récréer les scènes manquantes de La Splendeur des Amberson, long-métrage du réalisateur Orson Welles paru en 1942. Au total, plus de 43 minutes d’images ont été supprimées à l’époque du « final cut » - le montage final - par la société de production RKO, qui les a ensuite fait partir en fumée. Le film est ainsi passé d’une durée de 2 h 11 à seulement 1 h 28.

Seul problème, Orson Welles lui avait imaginé une tout autre fin dans sa version longue, très éloignée du « happy end » conté aux spectateurs il y a plus de 80 ans dans les salles de cinéma. C’est pourquoi la start-up américaine, désireuse de mettre en scène le scénario original pensé par le réalisateur américain, compte se servir des compétences de l’intelligence artificielle, et notamment de son outil Showrunner.

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L’IA pour récréer les visages

En s’appuyant sur des documents d’archives, tels que de nombreuses photographies des plateaux de tournage, la technologie pourrait récréer les décors originaux du film. Elle utiliserait également les techniques cinématographiques de l’époque pour rester dans l’ADN des pellicules des années 1940. Comme le rapportent nos confrères d’outre-Atlantique, certaines séquences pourraient être tournées avec de véritables acteurs. L’intelligence artificielle serait alors utilisée pour remplacer les visages des comédiens actuels par ceux des illustres Joseph Cotten, Tim Holt, ou encore Anne Baxter.

Fable compte faire appel au jeune Brian Rose, scénariste de Ironmind en 2018. Ce dernier travaille depuis plus de cinq ans sur la reconstruction numérique des 30 000 images brûlées, et donc manquantes, de La Splendeur des Amberson. Il a aussi analysé les différents mouvements de caméras décrits dans le scénario et les notes d’Orson Welles, pour retranscrire en 3D les décors anciens du film.

La fille d’Orson Welles « dégoûtée »

Amazon est toutefois confronté à un problème. La frime américaine détenue par le milliardaire Jeff Bezos attend encore l’autorisation de Warner Bors. Discovery et Concord, détenteurs des droits du long-métrage d’Orson Welles. Ces deux sociétés de production les ont obtenus en 1957, date à laquelle RKO Pictures a cessé ses activités. « L’objectif n’est pas de commercialiser les 43 minutes, explique Edward Saatchi, PDG de Fable, auprès du Hollywood Reporter. Nous voulons juste voir ces images, 80 ans plus tard, pour savoir si ce film aurait pu être meilleur dans sa version originale. »

Le projet est loin de voir le jour. D’autant plus que la fille d’Orson Welles, Beatrice Welles, ne semble pas être très réceptive. Sur ses réseaux sociaux, cette dernière s’est dite « en colère et dégoûtée » d’apprendre que « de tous les réalisateurs, ils ont choisi de prendre [son] père, un homme qui n’a fait que 13 films » pour faire des tests avec l’intelligence artificielle. « Ils ne peuvent pas s’empêcher de mettre la main sur son travail et ça me retourne l’estomac », a-t-elle conclu.