Nord : deux anciennes salariées d’une crèche condamnées à dix mois de prison avec sursis

Dix mois de prison avec sursis pour Caroline G., la même peine pour Manon D. Ce lundi 7 octobre, l’ex-directrice et l’ancienne infirmière d’une crèche People & Baby du Nord ont été reconnues coupables et condamnées par le tribunal correctionnel de Lille pour «violences sans incapacité sur mineur de 15 ans par une personne ayant autorité sur la victime». Les deux femmes, qui contestaient les faits, disposent désormais de dix jours pour faire appel.

L’affaire remonte à mai 2021, lorsqu’un premier couple a déposé plainte après avoir constaté des traces sur son fils de deux ans, accueilli à la crèche Baby City de Villeneuve-d’Ascq. D’autres parents ont à leur tour porté plainte, notamment une mère de famille rapportant également des traces sur sa fille cadette, mais aussi des «violences psychologiques» sur son fils aîné. «Punitions inadaptées, privation de goûter, isolement dans le noir...», décrit Me Patrick Lambert, le conseil de cette mère. En tout, Caroline G. et Manon D. se voient reprocher des «attitudes et gestes inadaptés à la prise en charge d'un enfant en bas âge» sur neuf enfants.

Plusieurs fois reportée, l’audience s’est finalement tenue le lundi 23 septembre à Lille, dans un contexte rendu particulier par la sortie récente du livre de Victor Castanet, Les Ogres (ed. Flammarion). Dans cet ouvrage, le journaliste pointe les dérives des crèches privées, et consacre notamment six chapitres à l’affaire de Baby City. Un dossier «emblématique» des «dysfonctionnements du groupe» People & Baby, et plus largement, du secteur des crèches privées, a estimé l’auteur en marge de l’audience du 23 septembre.

Huis clos accordé

La publication de cet ouvrage a d’ailleurs poussé les avocates de la défense à demander un renvoi. «Depuis la sortie d’un livre qui les présente comme des ogresses, [les prévenues] sont la cible de torrents de boue. Un procès n'est pas une chasse à courre, cela doit se tenir dans la sérénité et la dignité», a clamé Me Blandine Lejeune, conseil de Caroline G., qui a appelé le tribunal à «extraire ce procès de la promotion d’un livre». «Nous demandons au tribunal de renvoyer ce dossier pour que nous reprenions les débats de la manière la plus sereine possible, loin des jets de pierre que nous connaissons aujourd’hui», a renchéri Me Fatima En-Nih, avocate de Manon D.

Après en avoir délibéré, le tribunal a rejeté cette demande, estimant qu’«il était temps de juger cette affaire». Mais a ensuite prononcé un huis clos à la requête d’un avocat de la partie civile. «S’agissant d’une demande provenant de victimes mineures, ce huis clos va être accordé», a statué la présidente, invitant la presse et le public à sortir de la salle. C’est donc uniquement devant les parties concernées que le parquet de Lille a requis six et douze mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer pendant cinq ans à l’encontre des deux prévenues.

Dans sa décision de ce 7 octobre, le tribunal a finalement condamné l’ex-directrice et l’ancienne infirmière de la crèche Baby City à la même peine, dix mois de prison avec sursis. Les juges ont également prononcé une interdiction d’exercer une activité en contact avec des mineurs, pendant trois ans pour Caroline G. et pendant cinq ans pour Manon D.