«Une démarche journalistique légitime» : quand Patrick Cohen justifiait un enregistrement de Wauquiez à son insu
Depuis vendredi soir, les éditorialistes politiques Thomas Legrand et Patrick Cohen sont englués dans une vive polémique, après la diffusion par le magazine L’Incorrect d’une séquence vidéo enregistrée à leur insu dans un bistrot parisien, au cours du mois de juillet. Les deux hommes, notamment employés par France Inter, y discutent stratégie électorale avec deux figures du Parti socialiste, quand le premier se targue de faire «ce qu’il faut pour Dati», en impliquant son confrère, remettant ainsi en cause la neutralité du service public. Outrés par la publication de cet enregistrement sauvage, Thomas Legrand, qui a été suspendu à titre conservatoire, et Patrick Cohen ont annoncé leur intention de porter plainte. Auprès de La Tribune Dimanche, ce dernier a dénoncé «un vol de conversation privée».
Pourtant, Patrick Cohen n’a pas toujours tenu le même discours. En février 2018, une autre affaire d’enregistrement pirate avait ébranlé la sphère politique. À la demande d’un journaliste de Quotidien, un étudiant avait enregistré Laurent Wauquiez lors d’un cours dispensé à l’EM Lyon. Ses propos controversés avaient ensuite été révélés au cours de l’émission, alors même que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes avait exigé une confidentialité totale. Réagissant le lendemain à la polémique sur le plateau de C à Vous, Patrick Cohen avait parlé de «saine curiosité».
«Bonne idée»
Le journaliste, en l’occurrence Paul Larrouturou, «a eu la bonne idée de solliciter des étudiants pour voir ce que pouvait dire un personnage politique aussi important dans une enceinte universitaire», félicitait à l’époque l’éditorialiste. «Bien sûr, la loi dit qu’on ne doit pas enregistrer les gens à leur insu», ajoutait-il. «Mais il y a une démarche journalistique qui me semble tout à fait légitime». Laurent Wauquiez avait, lui, dénoncé des propos «enregistrés de façon illégale, avec des méthodes peu déontologiques qui ouvrent la voie à des suites judiciaires». Sept ans plus tard, Patrick Cohen se retrouve dans une situation similaire. Mais cette fois, il a regretté auprès de La Tribune Dimanche que «tous les coups (soient) permis».
Pour mémoire, les propos que Laurent Wauquiez avait tenus en 2018 avaient également provoqué une vague d’indignation au sein de la classe politique. Le futur président des Républicains y comparait Gérald Darmanin, alors ministre des Comptes publics, à Jérôme Cahuzac, accusait Emmanuel Macron d’avoir orchestré la «démolition» de François Fillon en 2017 et à Nicolas Sarkozy d’espionner ses ministres lorsqu’il était président.