À Saint-Germain-en-Laye, Michel Barnier s’engage à «faire vivre» l’unité du socle commun
«Merci Michel Barnier». Mardi soir à Saint-Germain-en-Laye, Les Républicains des Yvelines ont accroché des petites affiches sur les murs du Manège Royal pour exprimer leur reconnaissance à l’éphémère premier ministre. Michel Barnier a été reçu par des applaudissements dès son arrivée à 19h10. Tout sourire, il a embrassé des militants, serré des mains, échangé des sourires au milieu d’une cohue de journalistes venus guetter ses intentions… Mais pour sa première sortie militante depuis son départ de Matignon, l’ex-chef du gouvernement n’a lâché aucune petite phrase sur son successeur de la rue de Varenne. Il s’en est tenu à un discours chaleureux de remerciements et de considérations politiques que les barniéristes connaissent bien.
Belle occasion que cette galette des rois, initiée par Othman Nasrou, son récent secrétaire d’État à la Citoyenneté et président de la fédération LR du département, pour permettre à Michel Barnier de partager sa vision de la vie politique et d’entretenir la flamme de ce sursaut de la droite qu’il parvint à réveiller en accédant aux responsabilités du pays durant trois petits mois, avant de tomber sous la censure croisée du NFP, du RN et du PS.
Sans nostalgie
Mais mardi soir, l’invité a vanté la «mémoire» plutôt que la «nostalgie». Et parmi les près de 500 militants rassemblés à Saint-Germain-en-Laye (300 places assises), la gratitude était palpable. Bernard, 78 ans, est venu pour «participer» compte tenu de la situation du pays, confie-t-il. Mais la présence de Michel Barnier a constitué un «gros plus». Hervé, 59 ans, exprime le même enthousiasme. «Je suis fier que la droite soit de retour avec lui. Michel Barnier a réussi. Il a tracé une voie, montré que le projet de la droite était un projet viable. Il fallait bien quelqu’un pour essuyer les plâtres…», juge cet ex-macroniste revenu du «en même temps».
Othman Nasrou, au-delà des remerciements personnels qu’il voulait adresser publiquement à celui qui l’avait intégré dans son équipe gouvernementale, a estimé lui aussi que la tonalité du mandat Barnier avait «honoré» la fonction politique. «Tu as porté un discours de vérité avec dignité», a salué l’élu, après avoir invité les adhérents LR à trouver le «chemin» pour «défendre les mêmes valeurs» en «ces temps troublés».
Un monde «de plus en plus dangereux»
La vedette de la soirée, accueillie le jour anniversaire de la décapitation de Louis XVI, s’est engagée à continuer de dire la «vérité». Refusant de commenter l’actualité de son successeur François Bayrou, il a ironisé sur ceux qui «mettent des bâtons dans les roues», en faisant remarquer que cela «ne leur avait pas très bien réussi».
Puis, sur le fond, il a simplement voulu partager «deux ou trois idées». Des idées déjà exprimées plusieurs fois durant son mandat : on ne fait pas de politique sans aimer les gens, les bonnes idées viennent souvent du terrain, il faut s’appliquer à préserver une morale collective de l’action (Pompidou), s’appuyer sur les convictions et le respect, être animé par le désir de créer du progrès collectif… «Parfois, le mandat se termine plus vite que vous ne le pensiez», a plaisanté l’ex-premier ministre, avant de rappeler les trois objectifs principaux qui avaient guidé son action à Matignon : réduire la dette pour ne pas laisser ce fardeau «à nos petits enfants» (il avait voulu réduire le déficit d’1 point en 2025), penser au futur aussi sur le plan écologique et réformer l’État.
«Ces combats-là sont devant nous», a prévenu Michel Barnier en alertant les militants LR face aux perspectives d’un monde «de plus en plus fragile, de plus en plus dangereux, instable et injuste». «Et je ne parle pas seulement de l’arrivée de M. Trump», a-t-il précisé, avant d’inviter l’assistance à «ne pas avoir peur» du président des Américains ou de M. Musk. «Ils sont élus, il faut les respecter… Il faut faire ce que nous pensons sinon personne ne le fera à notre place. Si on n’est pas ensemble, on est foutus… Restons calmes, gardons notre sang froid», a déclaré l’ex-négociateur en chef du Brexit, connu pour ses positions européennes.
Michel Barnier a également rappelé le lien historique existant entre la France et les États-Unis. «N’oublions pas nos alliances», a-t-il encore préconisé, quelques jours après avoir participé à une réunion des 13 premiers ministres européens à Berlin, à laquelle on avait eu la délicatesse de l’inviter malgré la perte de son mandat.
L’avenir de la droite dans le socle commun
Enfin, Michel Barnier s’est félicité d’avoir réussi à constituer un socle commun à Matignon, avec Les Républicains, Horizons, les macronistes et les centristes du Modem. Pour lui, l’avenir de la droite se situe précisément dans la solidité de ce rassemblement, parfois bousculé par les pressions partisanes extérieures. «Je vais me consacrer à faire vivre cela», a-t-il promis sans en dire davantage sur ses engagements futurs, alors que certains barniéristes estiment que le réveilleur de la droite, dont le ministre Bruno Retailleau est un symbole, n’a pas écrit sa dernière page et pourrait jouer un rôle important en vue des prochaines échéances électorales.
Dans la cohue marchant vers la galette des rois, Arnaud Péricard apparaît visiblement ravi d’avoir accueilli dans sa ville de Saint-Germain-en-Laye celui qui fut son «premier boss». Le maire de Saint-Germain-en-Laye croit en l’«avenir» de ce visiteur du soir, mais pas forcément celui d’une présidentielle. «Je crois qu’il va essayer de travailler au Rassemblement». Pour y jouer quel rôle ? «Celui de fédérateur. Michel, ce n’est pas du buzz mais des convictions profondes. Et je crois que nous aurons besoin de sincérité. Il peut être le rassembleur d’une diaspora qui s’est perdue mais qui veut se retrouver. Celle de la droite».