François Bayrou a accepté de rouvrir ce dossier explosif, à condition de ne pas remettre en question l’équilibre budgétaire. Le budget et les faillites d’entreprises seront également au menu des échanges.
Passer la publicitéSur les retraites, François Bayrou est prêt à «une discussion sans tabou mais sans conditions préalables», a assuré la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, interrogée dimanche sur le plateau de France Inter. Une position que le chef du gouvernement va pouvoir redire à chacune des organisations patronales et syndicales reçues à partir de mardi à Matignon. Patrick Martin, président du Medef sera le premier à ouvrir le bal à partir de 9h30. Viendront ensuite Marylise Léon, de la CFDT, et François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), dans l’après-midi. Les autres numéros Un seront reçus dans les jours suivants.
Il s’agit de «premiers échanges» avec les partenaires sociaux, selon Matignon. François Bayrou souhaite «entendre leurs demandes» et évoquer avec eux «l’actualité sociale» y compris «ce que le premier ministre a mis sur la table» sur les retraites lors de la réunion des forces politiques. Des pistes rappelées récemment par Astrid Panosyan-Bouvet : il y a «des aménagements justes et raisonnables», notamment sur «la pénibilité et les carrières des femmes» et sur «les poly-pensionnés», a souligné la ministre du Travail. «Il faut aller vite», a-t-elle ajouté, tablant sur «trois, quatre mois».
Un signe d’ouverture inégalement reçu par les différents acteurs. Le patronat se montre méfiant. Même avec la réforme actuelle, «l’équilibre financier des retraites ne suffira pas à horizon 2030», rappelle le Medef. «On ne peut faire de promesses vaines dans un contexte budgétaire tel que celui de la France», abonde François Asselin. Raison pour laquelle il préconise plutôt d’avancer sur la retraite par capitalisation. Toutefois, il ne se dit pas fermé «à travailler sur l’usure professionnelle». Mais comme les présidents des autres organisations d’employeurs, le représentant de la CPME «attend surtout d’en savoir plus».
Les syndicats sont plus divisés. Si la CFTC voit «un geste positif» de la part du premier ministre - tout en rappelant son opposition au recul de l’âge -, la CGT reste scepticisme. «On ne peut pas dire que l’on est enthousiaste», confirme Denis Gravouil, membre du bureau confédéral, dont l’organisation demande l’abrogation ou au minimum la suspension de la «réforme Borne».
À lire aussi Retraités, classes moyennes, entreprises...qui sont les gagnants et les perdants de l’année 2024 ?
Climat économique préoccupant
Les retraites ne seront pas le seul sujet au menu. Syndicats et patronats ont prévu d’interpeller le locataire de Matignon sur le climat économique morose et l’inquiétante envolée des faillites. «Les remontées de terrain ne sont pas bonnes, les indicateurs et la conjoncture ne sont pas bien orientés, alors que l’administration Trump s’apprête à arriver au pouvoir aux États-Unis, annonçant une concurrence internationale encore plus vive», s’inquiète-t-on dans l’entourage de Patrick Martin. «L’investissement ralentit, les recrutements aussi... On ne sait plus trop où l’on va», s’alarme Michel Picon, président de l'Union des entreprises de proximité (U2P). Un sujet qui fait consensus parmi les partenaires sociaux. Jeudi 2, les représentants de plusieurs organisations, comme le Medef, le syndicat patronal de la métallurgie (UIMM), la CGT, ou la CFE-CGC ont adressé une lettre ouverte au président de la République sur la Fonderie de Bretagne menacée de fermeture.
Enfin, à quelques jours de la reprise de l’examen du projet de loi de finance 2025 au Sénat, chacun va essayer de faire avancer ses idées. Le patronat va pousser en faveur d’une «stabilité en matière fiscale et en matière de coût du travail». Pour les syndicats, au contraire, «on est lucide sur l’état du déficit mais il n’est pas question que ce soit au salarié de payer», estime Cyril Chabanier, numéro un de la CFTC. L’objectif est également de faire disparaître certains irritants brandis par le précédent gouvernement, comme les trois jours de carence lors d’un arrêt maladie.