Le dernier chèque de Stellantis à Carlos Tavares crée la polémique chez les actionnaires

Carlos Tavares, l’ancien directeur général de Stellantis, est parti depuis plus de quatre mois mais sa rémunération, ou plutôt son solde de tout compte, met de nombreux actionnaires en colère. Mardi prochain, lors de l’assemblée générale des actionnaires du groupe, le sujet va une fois de plus animer les débats. «L’enveloppe de rémunération de 23,1 millions d’euros proposée pour l’ancien directeur général semble excessivement généreuse, compte tenu notamment des performances opérationnelles médiocres et des raisons avancées pour justifier sa démission», explique le gestionnaire d’actifs Allianz GI dans un communiqué. Il est vrai que le cours de l’action Stellantis avait déjà perdu 45% de sa valeur entre le début d’année 2024 et le 2 décembre dernier, jour de l’annonce du départ forcé de l’emblématique patron.

Cette rémunération inclut son salaire fixe de 2 millions d’euros et 20,5 millions d’euros de rémunérations différées, versées dans le cadre d’un plan de performance à long terme. Stellantis n’a en revanche versé aucun bonus à Carlos Tavares au titre des résultats du constructeur en 2024. L’ex-dirigeant doit par ailleurs percevoir 12 millions d’euros d’indemnités de départ et de bonus de transformation à long terme, en 2025. Allianz GI précise qu’il a «systématiquement voté contre» les généreux paquets de rémunération accordés à Carlos Tavares, en raison d’un alignement insuffisant entre ces salaires et la performance à long terme de l’entreprise.

Polémiques récurrentes

Il y a un an, la rémunération de Carlos Tavares, jusqu’à 36,5 millions d’euros, avait déjà suscité la polémique. Interrogé sur le sujet lors d’une visite à l’usine de Trémery (Moselle), le dirigeant avait répliqué : «90 % de mon salaire est fait par les résultats de l’entreprise, donc cela prouve qu’ils ne sont apparemment pas trop mauvais». «Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai», avait-il ajouté. Cette fois, en 2024, les résultats ont été très mauvais. Mais Stellantis est une société de droit néerlandais et le vote des actionnaires mardi prochain sur la rémunération des dirigeants sera purement consultatif.

La rémunération de Carlos Tavares n’a quasiment jamais cessé de faire débat. «C’est un salaire qui ne correspond pas à la réalité», pointait en 2016 Manuel Valls, alors premier ministre. Carlos Tavares avait reçu 2,75 millions d’euros en 2014 puis 5,24 millions d’euros en 2015, soit sept fois moins que sa rémunération sur l’exercice 2023. La polémique n’a fait depuis que s’amplifier, suivant la courbe de son salaire. En 2022, Emmanuel Macron avait jugé «choquant et excessif» le montant «astronomique» de sa rétribution.