Budget de la Sécu : pourquoi les médecins libéraux appellent à se mobiliser dès ce mercredi 3 décembre

Budget de la Sécu : pourquoi les médecins libéraux appellent à se mobiliser dès ce mercredi 3 décembre

«Le PLFSS 2026 marque une rupture historique : il sonne le glas de la médecine libérale en France», s’insurge une dizaine de syndicats de médecins libéraux. Ils appellent également à un «mouvement de grève sans précédent» à partir du 5 janvier.

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Les médecins libéraux montent au créneau. Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026 revient mardi 2 décembre à l’Assemblée nationale pour une deuxième lecture, une dizaine de syndicats de médecins libéraux (Avenir Spé Le Bloc, CSMF, FMF, MS France, SML, UFMLS, Jeunes médecins FR, Médecins pour demain, Comeli et CMSE) appellent à se mobiliser. «Le PLFSS 2026 marque une rupture historique : il sonne le glas de la médecine libérale en France», s’insurgent-ils dans un communiqué intersyndical daté du 26 novembre.

Dès le mercredi 3 décembre, ils invitent les praticiens à multiplier les actions visant à gêner l’administration, tel que «suspendre l’alimentation du DMP (dossier médical partagé, NDLR)», «inviter tous les médecins libéraux de plus de 60 ans à déclarer dès aujourd’hui aux ARS (Agences régionales de santé, NDLR) leur cessation d’activité dans six mois», ou encore «systématiser la demande de validation des arrêts de travail par le service médical via Amelipro». Ils appellent également à un «mouvement de grève sans précédent» à partir du 5 janvier, et conseillent de reporter dès maintenant tous les patients prévus. Une grande manifestation nationale est par ailleurs prévue à Paris le 7 janvier. Le communiqué invite enfin à soutenir avec force «l’opération Bruxelles» , lancée par le syndicat Le Bloc, soit trois jours «d’exil symbolique» de chirurgiens, anesthésistes et gynécologues-obstétriciens libéraux dans la capitale belge, du 11 au 14 janvier.

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La «rentabilité excessive» de certains secteurs dans le viseur du gouvernement

Les professionnels de santé sont vent debout contre l’article 24 du PLFSS, qui donne la possibilité à l’Assurance maladie de revoir les tarifs de certains secteurs quand une «rentabilité excessive» est constatée. Un texte qui vise en particulier la radiothérapie, l’imagerie, la dialyse ou la néphrologie. Pour les syndicats, «ce texte fait disparaître la démocratie sanitaire au profit d’une planification étatique». En supprimant la «négociation conventionnelle», cela donne à l’administration «le pouvoir de baisser unilatéralement les tarifs des consultations et des actes», estiment-ils.

Les sénateurs ont d’ailleurs rejeté cet article, suivant l’avis de la commission des affaires sociales de la chambre haute. Corinne Imbert, sénatrice apparentée LR et secrétaire de la commission, a jugé cette mesure «contre-productive». En revanche, la commission a soutenu la mise en œuvre «d’un mécanisme d’identification de ces situations». La ministre de la Santé Stéphanie Rist défend quant à elle le dispositif initial du gouvernement. «On ne peut pas dénoncer la financiarisation, et le soir, laisser filer les rentes […] Il faut bien que quelqu’un prenne la responsabilité» en cas d’échec des négociations, a-t-elle estimé.

D’autres mesures du PLFSS sont également dans le viseur des médecins libéraux. Les praticiens du secteur 2 sont vent debout contre l’article 26 du texte, qui propose d’augmenter la taxation des dépassements d’honoraires. Cet article a été supprimé par le Sénat, qui considère que cela pénalisera les patients. Les professionnels critiquent aussi une mesure issue du projet de loi de finances (PLF), qui consiste à supprimer des abattements fiscaux pour certains médecins conventionnés. Ils dénoncent par ailleurs les mesures contraignantes dans la prescription des arrêts maladie, votées dans le cadre du projet de loi de lutte contre la fraude sociale et fiscale. «Le concours de l’initiative la plus tordue et la plus injuste est lancé», s’insurge le syndicat des médecins généralistes MG France.