Rachida Dati renvoyée en procès : le président du tribunal judiciaire de Paris dénonce «l'opprobre» jeté sur les magistrats par la ministre

Le président du tribunal judiciaire de Paris a dénoncé ce mercredi 23 juillet «l'opprobre jeté publiquement sur des magistrats» par la ministre de la Culture Rachida Dati après son renvoi en procès, aux côtés de l'ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, pour corruption et trafic d'influence.

«Si toute personne peut librement apporter tout élément d'explication utile à l'appui de sa défense, au titre d'une prise de parole assurant le respect de sa présomption d'innocence, l'opprobre jeté publiquement sur des magistrats soumis au devoir de réserve et ne pouvant répondre à ces attaques, jette le discrédit sur l'autorité judiciaire et sape la confiance légitime des citoyens dans la justice», a affirmé Peimane Ghaleh-Marzban dans un communiqué cité par l’AFP.

Passer la publicité

«Procédure émaillée d’incidents»

Invitée mardi 22 juillet de LCI après son renvoi en correctionnelle, la ministre de la Culture a dénoncé une offensive judiciaire, selon elle liée à l’approche des élections municipales de 2026 et de la législative partielle dans la 2e circonscription de Paris. Elle a ainsi souligné une «coïncidence» entre l’accélération du «calendrier» judiciaire et l’agenda politique, affirmant que «De la même manière en 2019, l’enquête a été ouverte au moment où j’ai été investie comme candidate pour la mairie de Paris».

Rachida Dati a également dénoncé l’«instrumentalisation honteuse» de ses adversaires et critiqué une «procédure (judiciaire) émaillée d’incidents», allant jusqu’à mettre en cause certains magistrats qui, d’après elle, «marchent» sur les droits de la défense. Le parquet national financier se penche depuis 2019 sur un contrat signé le 28 octobre 2009 entre Rachida Dati et RNBV, filiale de l’alliance Renault-Nissan.

La ministre est soupçonnée d’avoir perçu, «en toute confidentialité, voire en toute opacité» selon l’enquête, 900.000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil actées dans une convention d’honoraires, mais sans avoir réellement travaillé, alors qu’elle était avocate et députée européenne. Cette convention aurait pu servir à masquer une activité de lobbying au Parlement européen, interdite à tout élu, en l’occurrence au profit du groupe automobile alors dirigé par Carlos Ghosn. La ministre, âgée de 59 ans, sera jugée pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale.