Procès de Gérard Depardieu : près de 200 avocats dénoncent le sexisme lors des audiences, dans une tribune au "Monde"

Près de 200 avocats appellent la justice à ne pas laisser la place au sexisme en audience, dans une tribune parue dans Le Monde, vendredi 28 mars. Ils s'expriment après le procès de Gérard Depardieu, marqué par de nombreuses attaques de l'avocat de l'acteur contre les plaignantes et leurs conseils. "Le sexisme contre les avocates ne doit plus avoir sa place en audience", clame la tribune, qui regrette "le mutisme absolu du tribunal dans son ensemble" et "l'absence de réaction de l'ordre des avocats" face aux invectives de Jérémie Assous.

L'avocat de Gérard Depardieu, qui est jugé pour des agressions sexuelles sur deux femmes, "s'en est donné à cœur joie en matière de sexisme et de misogynie, allant bien au-delà de ce qu'il est convenu d'appeler, même de manière extrêmement large, les 'droits de la défense'", estime la tribune. Lors de leurs plaidoiries, les avocates des parties civiles avaient dénoncé la violence du procès, décrivant une stratégie sexiste et agressive de Jérémie Assous, qui s'en était pris à elles et qui avait aussi traité les plaignantes, Amélie et Sarah, de "menteuses" et d'"hystériques".

Le bâtonnier n'a pas été saisi

"Une justice qui tolère le sexisme, sans rien dire, pour des raisons de gestion comptable ou administrative, n'est pas à la hauteur des enjeux actuels", poursuit la tribune. "Et la justice, cela implique formellement, légalement, constitutionnellement, le respect des femmes en tant que femmes, a fortiori quand elles sont présentes dans cette enceinte en tant qu'avocates", conclut-elle.

"Il existe des règles en la matière, et une police de l'audience et de règlement des comportements des avocats à l'audience", réagit le barreau de Paris, sollicité par l'AFP. "Toutes les parties prenantes auraient pu saisir le bâtonnier, mais ça n'a pas encore été le cas, souligne-t-il. Nous étudierons, le cas échéant, s'il y a eu des manquements au regard de la déontologie."