Guerre en Ukraine : ce que l’on sait de la possible frappe de missiles américains ATACMS sur le territoire russe

S’agit-il d’une première confirmation du «feu vert » de Washington paru en toute fin de semaine dans la presse américaine ? Le New York Times révélait dimanche que la Maison-Blanche avait autorisé l’armée ukrainienne à frapper le sol russe avec des missiles balistiques à longue portée américains ATACMS, jusque-là circonscrits dans leur utilisation au territoire ukrainien contrôlé par Moscou. Du côté de Washington, aucune confirmation n’a officiellement validé ce changement de doctrine, Joe Biden n’ayant jusqu’ici jamais souhaité franchir cette ligne, malgré les nombreuses demandes ukrainiennes ces derniers mois.

Ce mardi 19 novembre, la Russie a annoncé que les forces armées ukrainiennes avaient attaqué la région russe de Briansk avec des missiles ATACMS. «Cette nuit, à 03h25, l’ennemi a frappé un objet sur le territoire de la région de Briansk avec six missiles balistiques. Selon des données confirmées, des missiles tactiques ATACMS de fabrication américaine ont été utilisés. Les systèmes de défense aérienne S-400 et Pantsir ont touché cinq missiles, dont un a été endommagé», s’est enorgueilli le ministère russe de la Défense dans un communiqué, cité par l’agence de presse russe TASS. 

Le Financial Times citant «des personnes proches du dossier» a confirmé l’utilisation de missiles ATACMS pour la première fois sur le territoire russe. L’état-major ukrainien n’a pas confirmé l’utilisation de ces missiles à longue portée, mais a revendiqué la responsabilité des frappes. «La destruction des dépôts de munitions de l’armée des occupants russes se poursuivra afin de mettre fin à l’agression armée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine», a-t-il réagi.

Dépôt de munitions à Karatchev ?

Toujours selon Moscou, les missiles ATACMS seraient tombés sur des installations techniques d’un site militaire, où un incendie, qui s’est déclenché, a été atteint. «Il n’y a eu aucune victime ni destruction», affirme le ministère russe de la Défense. Plusieurs vidéos d’une forte explosion et d’un incendie dans un dépôt de munitions dans la région de Briansk ont été publiées depuis ce matin sur les réseaux sociaux. Il s’agirait du 67ème arsenal de la Direction principale des missiles et de l’ artillerie (GRAU) situé à Karatchev, déjà touché par une série d’explosions le 9 octobre dernier. Néanmoins, rien ne permet de confirmer pour l’instant avec certitude que cette nouvelle attaque ait été menée à l’aide de missiles ATACMS et non de drones de fabrication ukrainienne, utilisés depuis le début de la guerre par Kiev pour frapper le territoire russe. Cette fois, «la traînée de fumée» qui apparaît sur les images de l’attaque font néanmoins bien penser à un missile et non à un drone, précise le Financial Times

La région frontalière russe de Briansk est située au nord-est de l’Ukraine et la ville de Karatchev à 115 km de la frontière entre les deux pays. Les missiles ATACMS, eux, existent dans deux versions : l’une limitée à 160 kilomètres de portée, l’autre étendue à 300 km/h. La presse américaine s’est fait l’écho d’un «feu vert», mais n’a pas précisé laquelle de ces deux versions aurait été autorisée par Washington. D’ores et déjà, la Maison-Blanche avait officiellement autorisé les Ukrainiens à utiliser leur artillerie à longue portée dans les seules régions russes de Koursk, où les Ukrainiens ont lancé une offensive début août, et de Belgorod, oblast russe qui sert de base arrière aux forces russes pour attaquer la région ukrainienne de Kharkiv. Les obus guidés des systèmes HIMARS américains peuvent porter à 80 km/h. C’est le lanceur de ce système d’artillerie qui permet également de tirer les missiles ATACMS.