TÉMOIGNAGE. "J'enjambais les corps" : une infirmière raconte le chaos à Gaza après l'opération de l'armée israélienne pour libérer les otages
D’après les chiffres communiqués par le Hamas dans la bande de Gaza, le sauvetage des quatre otages israéliens a provoqué la mort de 210 Gazaouis et en a blessé plus de 400. L’ONG Médecins sans frontières était en première ligne. Elle a une équipe d’une vingtaine de personnes dans l’hôpital Al-Aqsa, qui est la plus grosse structure la plus proche du lieu de l’intervention israélienne de samedi à Deir El Balah.
Sur les vidéos postées sur les réseaux sociaux par des Palestiniens, on voit le chaos, dans le service des urgences de l’hôpital Al-Aqsa où c’est rendue Karin Huster pour MSF, samedi en tout début d’après-midi : "Une centaine de patients étaient par terre. Des femmes, des enfants, beaucoup d'enfants. J'enjambais les corps tout le temps. Il fallait que je pousse, que je tire les patients pour avoir 30 centimètres entre deux patients. C'était que ça, partout."
"On a fait avec les moyens du bord"
Karin Huster travaille pour MSF Belgique. Elle est basée près de l’hôpital Al-Aqsa. Samedi, elle a apporté du matériel pour les soins. Mais le flux des blessés était trop important : "On a fait avec les moyens du bord. On a stabilisé ceux qu'on a pu stabiliser. Mais le système était complètement débordé." Al-Aqsa est le dernier hôpital entièrement debout dans le centre de Gaza. Une partie des victimes a été dirigée vers des plus petites structures. Avec des blessures de toute nature, dit Karin Huster : "J'ai vu, moi, des patients qui avaient des blessures par balle, qui étaient brûlés, des blessures causées par les effondrements. Tout ce qui est typique de blessures de guerre."
Ce témoignage ne valide pas les chiffres du Hamas, mais il permet de mesurer l’intensité de l’opération israélienne qui a visiblement touché un nombre très important de civils.