L'Ukraine se dit "prête" à de nouveaux pourparlers avec la Russie, sous conditions
Kiev pose sa condition. L'Ukraine a dit jeudi 29 mai être "prête" à participer aux nouveaux pourparlers proposé par la Russie à Istanbul lundi prochain, mais a demandé à Moscou de lui transmettre un document détaillant ses conditions pour une paix durable.
Sous pression américaine, les deux pays ont tenu le 16 mai à Istanbul un cycle de négociations pour mettre fin au conflit lancé par l'assaut russe de février 2022. Mais ils n'ont pas abouti, et la Russie a proposé un deuxième cycle.
"L'Ukraine est prête à participer à la prochaine réunion, mais nous souhaitons engager une discussion constructive", a réagi jeudi le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak. L'Ukraine réclame que la Russie lui transmette, avant la réunion, un "mémorandum" qu'elle prépare et qui doit exposer ses conditions afin de parvenir à un accord de paix durable.
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Andriï Iermak a répété qu'il était "important" que Kiev reçoive ce document, et que la Russie disposait de "suffisamment de temps" pour le faire. Selon lui, la partie russe a reçu un texte détaillant la position ukrainienne.
Plus tôt jeudi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait pourtant rejeté cette "exigence". Il avait affirmé que la Russie n'avait reçu "aucune réponse" de l'Ukraine quant à sa participation.
Des pourparlers "vides de sens"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui dénoncé une nouvelle "manœuvre" de la Russie, l'accusant de tout faire pour rendre les pourparlers "vides de sens".
Le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Gueorguiï Tykhiï, a estimé que la réticence de Moscou à envoyer son mémorandum "suggère qu'il contient vraisemblablement des ultimatums irréalistes".
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a indiqué jeudi à la télévision russe que la Russie prévoyait d'envoyer lundi prochain la "même" équipe qu'au premier cycle de négociations. La délégation russe était menée par Vladimir Medinski, un conseiller de second plan, déjà chargé des pourparlers du printemps 2022 qui avaient échoué. La composition de la délégation russe avait été vue par Kiev comme un signe que Moscou ne prenait pas ce processus au sérieux.
Ces échanges à Istanbul n'avaient permis de s'accorder que sur un vaste échange de prisonniers.

Les positions officielles des deux belligérants semblent difficilement conciliables : la Russie exige notamment que l'Ukraine renonce à jamais à rejoindre l'Otan et lui cède les cinq régions dont elle revendique l'annexion.
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui appelé Russie et Ukraine à ne pas "fermer la porte" au dialogue, disant être en contact avec les deux parties et espérer la reprise lundi de pourparlers en Turquie.

Volodymyr Zelensky a assuré jeudi que la Russie cherchait à "faire durer la guerre", et a appelé à imposer de nouvelles sanctions pour accroître la pression.
Les attaques nocturnes continuent
Sur le terrain, les attaques nocturnes entre les deux camps se poursuivent. Jeudi matin, l'armée russe a affirmé avoir neutralisé pendant la nuit 48 drones ukrainiens. Un drone a notamment percuté un immeuble du sud-ouest de Moscou, ne causant que de légers dégâts matériels.

"C'est en Russie que les gens ont besoin de ressentir ce qu'est la guerre pour être ouverts à la diplomatie", a estimé jeudi Volodymyr Zelensky.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'armée de l'air ukrainienne a pour sa part affirmé que le pays avait subi une attaque de 90 drones et a dit avoir détruit 56 de ces cibles. Les autorités ukrainiennes ont affirmé jeudi qu'au moins sept civils avaient été tués par des frappes russes.
Jeudi, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses troupes s'étaient emparées de deux villages ukrainiens dans la région de Donetsk (est), épicentre des combats, ainsi que d'une autre localité dans la région de Kharkiv (nord-est).
Avec AFP