«J'ai trouvé que le ton du prof de musique n'était pas approprié.» «Trouvez-vous vraiment normal que le prof de français soit si souvent absent ? Peut-être faudrait-il en parler au principal...» Des messages de cette veine, Nicolas (*) en voit passer régulièrement sur la boucle WhatsApp des parents d'élèves de la 5e B. «La semaine dernière, le sujet d'inquiétude portait sur la fin d'année et les cours prévus avec l'organisation du brevet en juin. On a carrément eu un PowerPoint», raconte ce papa parisien, qui suit la profusion d'échanges, sans les alimenter plus que de raison. «Sur ce groupe, la FCPE (première fédération nationale de parents, marquée à gauche, NDLR) et l'association locale de parents du collège se tirent la bourre. C'est à qui répondra au plus vite aux demandes, ajoute-t-il. Leur dernier message nous informait que le cas du professeur absent avait donné lieu à un échange avec la principale et qu'il allait être convoqué».
À l'heure où les réseaux sociaux se posent comme un lieu d'influence, les groupes WhatsApp de parents d'élèves, créés pour fluidifier l'information entre les familles et l'école, sont devenus une brique ordinaire de la vie scolaire. Ils n'échappent pas aux travers des réseaux sociaux. «Ces mêmes parents qui dénoncent les usages de leurs enfants se vautrent dans les mêmes excès», lâche une maman. Au point de transformer ces espaces en tribunaux populaires pour professeurs, accusés d'un propos jugé déplacé, de pratiques pédagogiques douteuses ou d'absences récurrentes.
Remous autour du conflit israëlo-palestinien
Début décembre, alors que le conflit israélo-palestinien a éclaté quelques semaines plus tôt, et que le 13 octobre, le professeur Dominique Bernard a été la victime d'un attentat à Arras, une polémique enfle sur un groupe WhatsApp de parents du collège Clemenceau, à Mantes-la-Jolie (78). En cause : un cours d'éducation aux médias sur le conflit. Les deux enseignants ont utilisé un article du magazine Mon Quotidien, dans lequel le Hamas est qualifié d' «organisation terroriste». Certains parents, choqués par cette formulation, le font savoir sur la boucle, où circulent alors les noms des professeurs d'histoire-géo concernés. Le bruit arrive jusqu'à eux. Inquiets, les enseignants de l'ensemble du collège décident d'exercer leur droit de retrait. Ils ont en tête Dominique Bernard et Samuel Paty - décapité après les rumeurs répandues par un père sur les réseaux sociaux - qui ont croisé la route d'un terroriste en puissance…