Six nations 2025 : "Un fait de jeu plutôt qu'une volonté de faire mal", estime un ancien arbitre international sur le geste qui blesse Antoine Dupont

Une large victoire qui n'a pas effacé des questions et des contestations. Après le coup de sifflet final de l'affiche de la quatrième journée du Tournoi des six nations, scellée par un succès d'importance pour le XV de France (42-27), Fabien Galthié a exprimé son incompréhension et sa "colère" sur certaines décisions arbitrales autour de la sortie sur blessure d'Antoine Dupont en première période, et de celle sur protocole commotion de Pierre-Louis Barassi au début du second acte. Deux actions sur lesquelles le sélectionneur tricolore a annoncé que le XV de France avait saisi la commission de citation.

Côté Irlandais, certains regrettent aussi que Thibaud Flament n'ait pas été sanctionné pour un déblayage jugé illicite sur le deuxième essai tricolore. Pour franceinfo: sport, Laurent Cardona, ancien arbitre international, revient sur ces faits de jeu. 

Le déblayage qui cause la blessure de Dupont : "Je doute sincèrement de l'intentionnalité du geste"

C'est sans doute l'action du match qui a fait le plus parler : la sortie sur blessure d'Antoine Dupont (29e), touché au genou droit et finalement victime d'une rupture des ligaments croisés, pris dans un déblayage de Tadhg Beirne. Le geste, revu à la vidéo, n'a pas été sanctionné par le corps arbitral.

Pour Laurent Cardona, cette décision peut se défendre, tout comme celle de sanctionner le deuxième ligne irlandais : "Si on demande de défendre un carton rouge, je peux défendre un carton rouge, parce qu'on peut considérer que le joueur irlandais vient sans maîtrise, à l'épaule, qu'il vise l'articulation d'Antoine Dupont, même si je n'en suis pas convaincu. Mais je peux tout à fait aussi dire que c'est un acte de jeu involontaire. On peut reprocher à l'Irlandais d'arriver fort, mais dans tous les rucks c'est comme ça, des situations comme ça, il y en a des dizaines par match. Et je doute de l'intentionnalité du geste, très sincèrement."

Mais dans son analyse, l'ancien arbitre penche plus pour un "fait de jeu, dramatique, mais un fait de jeu, plutôt qu'une volonté de faire mal à un joueur sur une articulation, délibérément", ce qui était d'ailleurs sa première impression devant la rencontre. Une vision visiblement partagée par Angus Gardner et ses assistants sur la pelouse.

Le contact tête contre tête sur Barassi : "Je ne comprends pas pourquoi ça ne bascule pas en carton rouge"

Après la rencontre, Fabien Galthié avait aussi des questions sur le contact tête contre tête qui a mené à la sortie de Pierre-Louis Barassi sur protocole commotion (47e), auquel le Toulousain n'a pas favorablement répondu. Coupable de la faute, Calvin Nash a été sanctionné d'un carton jaune assorti au bunker, mais pas transformé en carton rouge. Sur cette situation, Laurent Cardona se dit "plus tranché" : "Je comprends que l'arbitre utilise le bunker, parce qu'il faut juger en direct et en quelques images. Par contre, je ne comprends pas pourquoi ça ne bascule pas en carton rouge."

Pour lui, la justification de l'arbitre comme quoi Pierre-Louis Barassi se baisse n'est pas forcément valable. "Le protocole parle de 'baisse significative', mais Pierre-Louis Barassi n'est pas dans une baisse significative. Il prend le haut de la tête de l'Irlandais, qui pour le coup ne se baisse pas du tout, donc ce dernier met en danger le joueur français", décrypte-t-il. Un geste qui aurait donc, selon lui, pu valoir une exclusion définitive au joueur du Munster.

Le déblayage de Flament sur le 2e essai des Bleus : "C'est très bien arbitré"

Mais les Bleus n'ont pas été les seuls à discuter de l'arbitrage après la rencontre. Certains Irlandais se sont aussi interrogés sur un possible déblayage illicite du deuxième ligne français Thibaud Flament sur Peter O'Mahony dans un ruck avant l'essai inscrit par Paul Boudehent (47e).

Ici aussi, Laurent Cardona suit la décision du corps arbitral : "Je trouve que c'est très bien arbitré. La facilité aurait été d'annuler l'essai. Mais la technique sur ce cas-là, c'est que l'Irlandais est déjà en train de reculer, et que Flament maîtrise totalement son geste et le touche à peine, alors que l'Irlandais est déjà sur les talons et presque en train de basculer sur l'arrière." "Avec ou sans cette action de Flament, il n'aurait pas pu être un défenseur sur la situation", estime-t-il. Une justification également partagée par Angus Gardner au moment de valider la deuxième réalisation du jour pour les Bleus.