Emmanuel Macron juge «caduque» la règle européenne du déficit à 3%
Les règles de la zone euro, qui limitent le déficit public d'un pays à 3% du PIB, sont «caduques» pour une Europe qui doit «accélérer» si elle veut éviter «la sortie d'autoroute», a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien publié ce vendredi 14 février par le Financial Times . «Ce cadre financier et monétaire dans lequel nous vivons est caduc», a martelé le président français au quotidien des affaires britannique. «L'Europe, c'est son moment d'accélération et d'exécution. Parce qu'il n'y a plus le choix. Parce que c'est le dernier péage. Après, c'est la sortie d'autoroute», a-t-il insisté.
Le Pacte de stabilité et de croissance qui lie les pays qui ont l'euro comme monnaie unique impose aux États de limiter le déficit public à 3%, sauf circonstances exceptionnelles. La France peine chroniquement à le respecter, et fait l'objet d'une procédure pour déficits excessifs, qui peut mener à des sanctions européennes si elle ne revient pas dans les clous dans les délais impartis.
L’UE ouvre une procédure contre la France et six autres pays pour déficit excessif
Le déficit public à 6% du PIB en France
En France, le dérapage du déficit public a atteint 5,5% du PIB en 2023 et environ 6% en 2024, bien loin du plafond européen. Le gouvernement souhaite le ramener à 5,4% cette année et passer sous les 3% en 2029, avec deux ans de retard sur les prévisions initiales et bien après les autres pays de la zone euro. «Il est crucial de respecter cette trajectoire sous peine de voir la France décrocher de ses partenaires européens», a indiqué la Cour des comptes dans un rapport publié jeudi. «Le dérapage du déficit public depuis deux ans place la France au pied du mur», a prévenu la Cour : «Tout retard supplémentaire rendrait les ajustements indispensables encore plus importants et difficiles.»
Dans cet entretien au Financial Times, Emmanuel Macron plaide une fois de plus pour que l'Union européenne se dote de solutions de financement «innovantes», par exemple avec de nouveaux emprunts communs comme durant la pandémie de Covid-19, pour investir dans la défense, l'intelligence artificielle ou la transition énergétique. Alors que l'Allemagne s'y oppose fermement, le président français dit espérer que cette position évolue après les élections législatives allemandes du 23 février, selon le journal.
Le chef de l'État appelle également, selon le FT, à revenir sur certaines régulations de l'UE qu'il considère comme coûteuses et irréalistes, comme les possibles amendes contre les constructeurs automobiles qui ne respectent pas des quotas de ventes de véhicules électriques, qu'il qualifie de «folles».