Renommé ministre des Transports dimanche soir, le LR Philippe Tabarot n’évite pas le procès d’intention quant à sa participation au gouvernement de Sébastien Lecornu contre les directives de son parti et du président Bruno Retailleau. Des critiques d’autant plus virulentes dans les Alpes-Maritimes, où il est élu sénateur et où les tensions entre les cadres des Républicains sont exacerbées. Cette seconde nomination, dans un tout autre contexte, crispe encore davantage l’une des plus importantes fédérations LR, déjà en proie aux affrontements claniques.
«Il faut se débarrasser des traîtres», a ainsi lâché le sénateur Henri Leroy, ex-collègue de Philippe Tabarot, ouvrant les hostilités. «Sous prétexte de servir la France, ils ne pensent qu’à leur poste et à leur carte de visite. Le gaullisme, ce n’est pas aller à la gamelle dès qu’un maroquin se présente, c’est tenir sa ligne et sa parole», a poursuivi l’élu de Mandelieu-la-Napoule en référence aussi aux six autres ministres LR nommés contre l’avis du parti.
Passer la publicitéD’autres élus azuréens de poids partagent cette position : David Lisnard, maire de Cannes, qui a même menacé de claquer la porte ; la sénatrice antiboise Alexandra Borchio-Fontimp ; le maire de Mandelieu, Sébastien Leroy, et par ailleurs neveu d’Henri Leroy. Des élus qui avaient d’ailleurs, comme d’autres cadres, déserté la rentrée politique de la fédération organisée au Cannet, chez les Tabarot, qu’ils ne portent pas non plus dans leur cœur en raison de précédents plus personnels que politiques.
«Au service de nos compatriotes»
«La droite n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle agit au service de nos compatriotes», s’est défendu et justifié Philippe Tabarot auprès du Figaro mais aussi à l’occasion d’une tournée des médias locaux. Il assure «ne pas vouloir nuire» au parti et assume «une décision personnelle» malgré un attachement à sa famille politique dont il est membre depuis ses 18 ans. Après avoir perdu ses fonctions au sein du bureau politique, l’exclusion serait pour lui une sanction «injustifiée et disproportionnée».
Le choix de Philippe Tabarot a aussi été défendu par la députée Michèle Tabarot, qui n’est autre que sa sœur et qui a la main sur la fédération des Alpes-Maritimes depuis le départ d’Éric Ciotti. Dans un communiqué, l’élue a appelé à «faire primer l’intérêt général sur toute autre considération» et évoque un «choix de cohérence» après des participations aux précédents gouvernements. «Il est donc logique de continuer au sein de ce gouvernement technique qui, de surcroît, ne compte plus en son sein les ministres qui posaient problème au président des Républicains», a-t-elle expliqué. «Je préférerais toujours l’action au renoncement», soutient la députée.
Mais dans l’ouest des Alpes-Maritimes, là où la fédération LR est le plus structurée, Michèle Tabarot paraît de plus en plus isolée vis-à-vis de la position de ses voisins. Une situation qui rend encore un peu plus difficile la reconstruction des LR azuréens, marqués et déchirés par l’épisode de l’alliance d’Éric Ciotti avec le Rassemblement national en juin 2024. Une nouvelle permanence avait été inaugurée fin avril dans le centre-ville de Nice, avec d’ex-LR proches de Christian Estrosi. La fédération revendique 6500 adhérents, dont 2300 dans la capitale azuréenne.