"Italy is back", Giorgia Meloni ambitionne un retour stratégique de son pays au cœur de l'Europe

Giorgia Meloni, Première ministre italienne depuis 2022, figure montante de la politique européenne, connaît un parcours fulgurant depuis son arrivée au pouvoir en Italie. Invitée par Emmanuel Macron à une réunion sur l'Ukraine, elle s'affiche comme un personnage politique incontournable, oscillant entre son idéologie conservatrice et un désir de faire jouer l'Italie dans le jeu diplomatique européen. Cependant, alors qu'elle s'affirme sur la scène internationale, notamment en entretenant des relations avec des figures comme Donald Trump et Viktor Orban, son positionnement vis-à-vis des enjeux européens et mondiaux suscite des interrogations.

franceinfo : Daniele Zappalà, Giorgia Meloni était à Paris, invitée par le président Macron à une réunion lundi 17 février 2025 concernant l'Ukraine, elle donnait l'impression de s'y embêter un peu. Devient-elle "un" outsider ?

Daniele Zappalà : Oui, et à propos de cette réunion, on l'a vu arriver avec sa Lamborghini et en plus avec plus d'une demi-heure de retard alors que la réunion avait déjà commencé. C'est vrai que c'est le personnage, que beaucoup en Europe n'avaient pas vraiment vu venir d'une certaine manière, car c'est vrai, aujourd'hui, elle s'est retrouvée au cœur de l'actualité, du jeu politique européen, avec cette capacité d’essayer de jongler entre ses penchants idéologiques très conservateurs, populistes. Là, on l'a vu, bien évidemment, avec Donald Trump, avec Viktor Orban.

Et aussi avec Monsieur Fico le Slovaque…

Oui, et en même temps, cette envie de ramener l'Italie au cœur du jeu politique européen. On voit bien un personnage qui fait un peu le grand écart.

Disons qu'il y a aujourd'hui, ce positionnement diplomatique italien qui pose question dans la mesure où il est vu par beaucoup comme la tête de pont de la puissance américaine, de l’impérialisme américain en Europe.

Quand Monsieur Trump n'a pas été très sympathique envers la Cour pénale internationale, des pays se sont levés pour soutenir la Cour pénale internationale qui, rappelons-le, a été créée à Rome, mais pas l'Italie, l'Italie n’a pas soutenu la Cour.

Cela a, bien évidemment, suscité beaucoup de réactions en Italie, car jusqu'à présent, cet acte fondateur italien de la Cour pénale internationale était une grande fierté. L'Italie est-elle en train d'aller dans le sillage de Donald Trump, de tourner le dos au multilatéralisme alors que jusqu'à présent elle en a été l'un des pays phare ? Donc d’une part Giorgia Meloni essaye d'imposer en fait la voie italienne, mais on ne voit pas toujours dans quelle direction. L'Italie essaye de revenir dans la cabine de pilotage de cette Europe un peu hésitante.

On peut dire que le franco-allemand a disparu, et quelque part, Meloni reprendrait la barre en disant : "Maintenant, c'est peut-être mon tour de vous montrer de quoi je suis capable et de quoi est capable l'Italie."

Oui, elle est très habile dans les négociations. Donc c'est vrai que Giorgia Meloni, aujourd'hui, revendique pour l'Italie cette place de premier plan. Mais on ne voit pas encore pour quel projet. Mais en tout cas, l'Italie est un peu de retour, d'une certaine manière "Italy is back" effectivement si on veut dans ce suivisme italien par rapport à Washington.

Donc Giorgia Meloni, l'étrusque, la romaine…

Voilà, la Romaine, il ne faut pas oublier que Rome est en Italie également le symbole de l'ouverture et surtout du poids de la culture populaire. C'est bien de cela qu'elle a en fait joué et à fond pour conquérir le pouvoir en Italie, alors que beaucoup d'autres l'ont, pendant longtemps, sous-estimée.

La formule de Trump "Make America Great Again", donc "Make Italy Great Again".

C'est le rêve d'un retour de l'Italie pour un rôle aussi au cœur de la Méditerranée, dans la mesure où Giorgia Meloni essaye aussi de tisser des liens avec les autres pays du pourtour méditerranéen, jusqu'à présent surtout dans les volets migratoires, donc d'une manière très controversée. Mais on voit bien que son habileté dans les négociations diplomatiques pourra peut-être aussi rapprocher à nouveau les rivages de la Méditerranée.