Fraude sociale : une conductrice de taxi du Var en procès ce mardi pour avoir escroqué la Sécu de 2,3 millions d’euros

Plus de 2,34 millions d’euros : c’est la somme qu’une conductrice de taxi du Var est suspectée d’avoir détournée pendant cinq ans. Alors que de nombreux professionnels manifestent contre les nouvelles règles de la sécurité sociale, qui veut mieux encadrer le transport sanitaire de patients, cette cheffe d’entreprise est jugée ce mardi 27 mai à Draguignan pour fraude et blanchiment du produit de la fraude.

Pour rappel, cette femme de 53 ans déclarait de faux transports sanitaires, ces transferts depuis ou vers les établissements de santé, assurés par un taxi agréé ou une ambulance et pris en charge par l’assurance maladie dans certains cas. Elle s’était positionnée sur ce marché en plein essor, avant d’être débusquée lors d’un contrôle d’une des cinq caisses d’assurance maladie flouées. La fraude aurait duré près de cinq ans, entre 2019 et 2024. Elle déclarait des transports sanitaires de patients qu’elle n’avait en réalité jamais conduits pour être payée par la sécurité sociale. Dans le Puy-de-Dôme, elle a ainsi facturé 256.000 euros pour un seul patient... qui a assuré ne se faire soigner que dans son département, quand la conductrice n’opère que dans le Sud.

Les enquêteurs n’ont en revanche identifié aucune complicité : les patients semblaient ignorer que leur nom était utilisé pour cette fraude. La conductrice aurait profité de la «légèreté» d’un hôpital marseillais qui laissait à disposition des taxis des formulaires prétamponnés, sans contrôle.

Salle de sport, dividendes et appartement acheté «cash»

La conductrice est donc poursuivie pour fraude via ses deux entreprises de taxi, mais aussi pour blanchiment du produit de la fraude, notamment avec une troisième société gérant une salle de sport à La Farlède. Les bénéfices de ses entreprises de taxi ont notamment servi à financer plusieurs centaines de milliers d’euros d’investissements dans la salle, ne l’empêchant pas de se verser de généreux dividendes. Elle aurait également acheté «cash» un appartement au nom de sa fille et envoyé de l’argent sur des comptes à l’étranger. Ses trois sociétés sont aujourd’hui en redressement judiciaire.

Au total, la justice a saisi 1,37 million d’euros dans l’attente du jugement, dont plusieurs véhicules, des comptes bancaires, ses licences de taxi, l’appartement ainsi que les machines de la salle de sport. Sous contrôle judiciaire, elle n’a pas le droit d’exercer son activité de taxi, ni de faire du transport sanitaire avant le verdict.