Une « systématisation de la baffe » : Notre-Dame de Garaison, un autre établissement catholique est accusé de violences par d’anciens élèves, selon Radio France
François Bayrou, accusé d’avoir fermé les yeux sur des violences pédocriminelles perpétrées pendant six décennies dans l’établissement privé Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), est visé par une plainte pour non-dénonciation de crime et délit. Au total, 152 victimes de violences physiques, d’agressions sexuelles et de viols dénoncent les faits à ce jour, selon le porte-parole du collectif des victimes, Alain Esquerre.
À près de 90 kilomètres de cet établissement régi par un système de violence et de soumission, la très réputée école catholique Notre-Dame de Garaison, à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées) – où a été scolarisé notamment l’ancien premier ministre Jean Castex –, est à son tour accusée de maltraitances.
Des témoignages d’anciens élèves sont révélés par l’article de Stéphane Pair, pour la cellule investigation de Radio France. Les victimes dénoncent des violences physiques corporelles quotidiennes de la part de surveillants et de cadres de l’école, soutenus par leur hiérarchie. Sollicitée par le rédacteur de l’enquête, la direction du groupe scolaire Notre-Dame de Garaison n’a pas donné suite.
Une « systématisation de la baffe »
Un groupe du réseau social Facebook « Collectif victimes Notre-Dame de Garaison », ainsi qu’un groupe WhatsApp et une adresse e-mail réunissant les témoignages ont permis de créer des liens avec les victimes de Bétharram. Henry1, évoque le nombre de 60 victimes. Après avoir été refusé à Notre-Dame de Bétharram, il a fréquenté le collège à la fin des années 1980.
Henry décrit une sorte de rituel de violences nocturnes qui avait lieu dans le grand dortoir où dormaient près de 80 enfants. Il décrit une procédure de « systématisation de la baffe » et se souvient de la « peur » qu’il éprouvait. « La procédure était d’allumer les néons dans leur intégralité, de demander aux élèves de se lever devant leur lit et de mettre les mains derrière le dos, décrit-il. Et, à ce moment-là, le surveillant passait et giflait tous les élèves les uns après les autres. »
Par ailleurs, la cour d’assises des Hautes-Pyrénées avait, en 2009, condamné à douze ans de prison un ancien surveillant du collège Notre-Dame de Garaison pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans et par personne ayant autorité ». Cet ancien surveillant était poursuivi pour des faits commis entre 1987 et 2006.
De son côté, Philippe, pensionnaire de l’établissement de 1984 à 1987, dénonce à son tour avoir subi des violences répétées commises par les surveillants et certains cadres envers des élèves, en particulier le soir et en pleine nuit pour faire respecter la discipline dans le dortoir. Au sujet des violences physiques perpétrées dans l’établissement, il en est convaincu : « Tout le monde le savait. » Et de poursuivre : « Bétharram et Garaison avaient la même réputation à l’époque. »
- le prénom a été modifié ↩︎
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