Vendée Globe: Marc Thiercelin veut repartir pour le tour du monde 2028 sur un bateau en bois et en bambou

« Le Vendée Globe 2028 en voilier en bois »… Le titre de la plaquette claque comme une voile dans le vent, sur une double image d’océan et de forêt. Son auteur, Marc Thiercelin, rêve donc de repartir à l’assaut de ce tour du monde en solitaire, dont il a pris le départ de quatre éditions et en a terminé trois. Deuxième en 1996-1997, pour sa première participation, dans une course marquée par des drames en série (naufrages de Raphaël Dinelli, Thierry Dubois, Tony Bullimore et disparition de Gerry Roufs), le Francilien d’origine dévoile au Figaro son projet novateur pour retrouver les pontons qu’il a longtemps écumés (au total 5 tours du monde, 24 transatlantiques, 7 Solitaire du Figaro) : « Mon idée, c’est de construire un bateau en bois, en bambou et en chanvre pour démontrer qu’on peut faire un tour du monde avec d’autres matériaux que le carbone, donc le pétrole, et en faisant appel à des fibres plus naturelles. On ne revient pas à la lampe à huile, car je veux fabriquer un monocoque Imoca (18,28 m) performant et ouvrir une voie pour l’avenir et la plaisance. »  

Élève de l’école Boulle, à Paris, dans sa jeunesse, pour y apprendre l’ébénisterie et la marqueterie, avant de basculer dans le monde de la course au large pour y signer une belle carrière (et de multiples podiums), Marc Thiercelin présente un projet cohérent qui lui ressemble, et touche à sa passion, le bois. 

Plutôt que de viser la victoire sur des monocoques tout-carbone, il se positionne sur le créneau de la « rétro-innovation » avec un objectif clair : diminuer drastiquement les émissions de CO2 et les coûts lors de la fabrication de son bateau. Pour la construction de la coque, le marin prévoit ainsi une baisse de 70 % du CO2 comparé au carbone (200 tonnes, contre 600 tonnes) et de 45 % pour les finances (1,9 million d’euros, contre 3,5 millions, pour un coût total du voilier estimé à 5 millions d’euros).

«Boucler la boucle»

Et pour révolutionner la course au large (où voguent déjà des petits bateaux avec des éléments en lin et d’autres matériaux moins nocifs et énergivores que le carbone), Marc Thiercelin travaille avec les architectes Gildas Plessis (340 bateaux conçus) et Renaud Banuls (à l’origine de l’Ultim Sodebo notamment), très avancés sur le sujet. « Si le mât et la quille seront faits de manière classique, la coque sera constituée avec une peau en bois et de la résine biosourcée, l’aménagement intérieur majoritairement en bambou et les voiles en fibre de chanvre », détaille le marin, heureux de pouvoir revisiter la construction de ces voiliers de course qui, selon lui, « ronronne ». Et lui qui rêvait d’être luthier à l’âge de 13 ans, voit dans ce projet une belle façon de « boucler la boucle ».

Sur le Vendée Globe, il y a ceux qui partent pour le remporter et ceux qui sont là pour faire vibrer les gens

Marc Thiercelin

« Je n’ai finalement pas construit de violoncelle en bois, mais j’ai construit 11 bateaux, et ce sera le premier en bois. C’est un projet cohérent par rapport à ma vie. Avant le départ du Vendée Globe qui vient de s’élancer, je me suis retrouvé quasi seul sur les pontons des Sables-d’Olonne au milieu des quarante bateaux, et je me suis dit que cela aurait une sacrée gueule d’y être dans quatre ans avec un Imoca en bois. »

En 2028, l’actuel compagnon de la journaliste Estelle Denis et l’ami d’enfance d’Emmanuelle Béart, affichera 68 ans au compteur d’une vie bien remplie (notamment plus de 600 conférences depuis 1998). « Ce sera un challenge d’être performant à cet âge-là, reconnaît-il. À moi d’être à la hauteur, mais je m’en sens capable. » Et, bien que sa dernière course remonte à 2019 (une victoire lors du Bol d’Or disputé sur le lac Léman), le marin ne s’engage pas pour faire de la figuration, sans pour autant rêver de la gagne. « Sur le Vendée Globe, il y a ceux qui partent pour le remporter et ceux qui sont là pour faire vibrer les gens. » Marc Thiercelin a choisi son camp avec ce projet qui recherche des partenaires pour quatre ans, avec des participations aux plus grandes courses françaises : Vendée Globe, mais aussi Route du rhum, Transat Jacques Vabre, etc.