Face aux All Blacks, le XV de France souhaite renouer avec l’excellence
La sensation nous a enveloppé au petit matin. Les images étaient encore nettes au réveil. Le spectaculaire show, éclats de lumière et pyrotechnie furieuse, chauffant les 80.000 passionnés. Le vacarme à l’entrée des gladiateurs. Le frisson d’une Marseillaise entonnée a capella. Les mains qui agrippent les épaules ou l’étoffe des shorts pour se resserrer un peu plus.
Pour se dresser comme un seul homme, le regard brillant de défi, face au haka. Exécuté dans un Stade de France respectueux. Puis le rugissement d’un stade enfin libéré de l’attente. Vibrant d’excitation avant le premier choc d’aurochs, la première passe sautée, le premier intervalle traversé d’une foulée aérienne.
Le rêve s’était arrêté là, nous laissant frissonnant. La suite ? Impossible à prédire. Des Bleus de gala qui soumettent une troisième fois de rang les magiciens à la fougère argentée ? Des Blacks qui, dans la foulée de leurs succès à Twickenham et à Dublin, prennent leur revanche sur le match d’ouverture de la Coupe du monde, il y a un peu plus d’un an ? Autant dire une éternité.
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Depuis, le XV de France a d’abord traîné sa peine, ne se révoltant que lors du dernier acte du Tournoi des six nations, à Lyon contre l’Angleterre. Et ce ne sont ni la délocalisation dans les pages faits divers lors de la tournée en Argentine, ni les huit essais inscrits aux Japonais il y a une semaine, qui ont pu atténuer les regrets de l’automne 2023.
Aucune concession
C’est donc peu dire que ce sommet contre les vice-champions néo-zélandais, à nouveau à la hauteur de leur légende, aiguise l’impatience. On va enfin savoir si ce XV de France a retrouvé le chemin de l’excellence. Si le point de départ de la nouvelle quête devant mener à la conquête du Graal en Australie dans trois ans se situe bien ce 16 novembre 2024. Comme l’affirme depuis une paire de semaines un Fabien Galthié enfin remis de son désespoir et ragaillardi par le retour de Superdupont, « le surhomme qui relève tous les défis ».
Le sélectionneur a crayonné une nouvelle flèche du temps. Jurant, cette fois, de ne faire aucune concession. Léo Barré en demi-teinte contre le Japon ? Il est aussitôt sorti de l’équipe au profit d’un novice de 27 ans, Romain Buros. La durée de sa mise à l’écart dépendra de la prestation du Bordelais. Celle de Matthieu Jalibert sera bien plus longue.
Les joueurs sont très motivés de jouer contre le maître. Pour beaucoup, Antoine Dupont est l’un des meilleurs de l’histoire
Un membre du staff néo-zélandais
Le soliste orgueilleux n’a pas apprécié d’être privé de lumière noire. Il l’a fait savoir à Galthié, refusant son statut de réserviste pour s’en aller retrouver son chien, à 600 kilomètres du Stade de France. Depuis son salon, il a certainement zappé la conférence de presse où le patron des Bleus l’a taillé en pièces. Galthié « n’embarquera dans son collectif » que ceux qui font preuve « de détermination, d’endurance mentale et de force de caractère »…
Cette exécution en place publique va-t-elle souder son groupe ? Ou, à l’inverse, en fragiliser la cohésion ? La réponse tombera ce samedi (21 h 10, TF1) face à un adversaire sans états d’âme, lui. Les All Blacks sont en Europe pour marquer leur territoire, redevenir les terreurs du rugby mondial. « Les joueurs sont très motivés de jouer contre le maître. Pour beaucoup, Antoine Dupont est l’un des meilleurs de l’histoire », a ainsi révélé un membre du staff néo-zélandais. Tout est en place pour écrire la légende d’automne.