Saint-Pierre-et-Miquelon et Laurent Wauquiez : «Il aurait pu apprécier notre petit coin de paradis, on lui aurait proposé un joli forfait !»
«Il fait 5 degrés de moyenne pendant l’année, 146 jours de pluie et de neige. Je pense qu’assez rapidement, cela va amener tout le monde à réfléchir.» Les Saint-Pierrais et les Miquelonnais ne pouvaient que réagir à la description faite de leur archipel par le candidat à la présidence des Républicains, Laurent Wauquiez, qui veut y «enfermer les étrangers dangereux sous OQTF». Sa volonté n’est pas en cause. Mais face à son portrait peu flatteur de cette France du bout du monde, les professionnels du tourisme sont vent debout.
«️ Saint-Pierre-et-Miquelon a beau être une terre d’accueil depuis toujours, ça va prendre quelque temps avant que Laurent Wauquiez soit le bienvenu», écrit Patricia Detcheverry-Jugan, présidente fondatrice de HDE Voyages, la première agence de tourisme locale de Saint-Pierre-et-Miquelon et Terre-Neuve-et-Labrador, dans un post LinkedIn ce mercredi 9 avril. «C’est dommage» poursuit-elle, regrettant que le député de Haute-Loire n’ait pas fait d’abord le voyage. «Il aurait pu apprécier notre petit coin de paradis, on lui aurait proposé un joli forfait !».
Patricia Detcheverry-Jugan fait l’inventaire des nombreuses bonnes raisons de faire le voyage à 4600 kilomètres de Paris. «Se balader sur la dune de Langlade et cueillir des fraises sauvages. Tester la bière de Miquelon. Savourer des produits locaux uniques sur le territoire français ... platebière... Randonner dans la forêt boréale. Faire un petit tour à Terre-Neuve. S’essayer à l’aviron en doris. Se détendre dans un spa avec vue sur le village de Miquelon. Discuter avec ses concitoyens du bout du monde et voir leur attachement à leurs îles et à la France. Il n’en serait pas revenu» !
Les commentaires abondent, où la politique s’efface derrière la gastronomie - il est question d’un «repas de crabes de neige» - et donne des idées de communication touristique. «Vous rebondissez merveilleusement sur ce regrettable coup de projecteur», note une experte de ce secteur.
De fait , «À Saint-Pierre-et-Miquelon, une expression – ’Si le temps le permet ! ’ – définit parfaitement l’archipel, aux antipodes des autres îles françaises habitées d’outre-mer, le plus souvent ensoleillées», avait écrit en introduction de son beau reportage sur la destination notre consœur Alice Brouard pour Le Figaro Magazine. Quant à la température, tout est question de ressenti. Lors du premier vol direct Paris Saint-Pierre en 2018, la journaliste du Figaro Florence Vierron avait ainsi conclu : «12 degrés, la saison touristique peut commencer.»