Une épicerie sans caisse, ni vendeur, ni terminaux de paiement. Sur le campus de l’entreprise STMicroelectronics à Crolles, en Isère, un espace inédit vient de faire son apparition. À l’intérieur d’un container, surnommé le «24/7», se trouve une petite supérette avec des plats surgelés, des chips, des pâtes, des boissons ou encore des gâteaux. Grâce à l’intelligence artificielle (IA), les salariés du site ont uniquement besoin de leur badge d’entreprise pour payer.
«Une fois que vous rentrez dans la boutique, les caméras vont créer un avatar virtuel de votre personne. Ce n’est pas un système de reconnaissance faciale. Ces caméras vont vous suivre dans la boutique pour vérifier quels produits vous prenez. Vous êtes facturés à la fin de votre parcours», détaille Frédéric Claret, directeur général de l’entreprise Fujitsu en France et en Suisse, à l’origine de cette innovation technologique, au micro de France 3. Le montant des achats des salariés est ensuite directement prélevé sur leur salaire.
Passer la publicité«Nous sommes fiers de proposer ce service inédit, adapté à l’activité de notre site et complémentaire à l’offre de restauration collective», se félicite Eric Gerondeau, directeur du site de STMicroelectronics à Crolles. Les puces du groupe franco-italien sont utilisées directement dans le système de reconnaissance des salariés. Pour Eric Gerondeau, cette initiative «est un laboratoire d’évaluation de ce que l’intelligence artificielle peut nous apporter et comment elle peut faciliter notre vie de tous les jours. L’utilisation de l’électronique pour l’amélioration du quotidien, c’est notre cœur de métier». Si, pour l’heure, cette épicerie est unique en Europe, STMicroelectronics envisage de déployer cette technologie à d’autres sites industriels.
Plusieurs expérimentations en cours dans le monde
Cette supérette autonome n’est pas sans rappeler d’autres expérimentations déjà menées en Europe ou aux États-Unis. Le géant américain Amazon a ouvert la voie dès 2018 avec ses magasins Amazon Go aux États-Unis et Amazon Fresh au Royaume-Uni. Ces boutiques permettent aux clients d’entrer, de se servir et de sortir sans passer par les caisses grâce à un réseau de caméras, de capteurs et d’algorithmes d’intelligence artificielle. Le compte Amazon du client est ensuite directement prélevé, mais un moyen de paiement doit être enregistré à l’entrée et du personnel reste présent pour réapprovisionner ou assister les acheteurs.
En Europe, d’autres distributeurs testent aussi le commerce «sans caisse». Le groupe REWE en Allemagne et Auchan en France collaborent avec la start-up israélienne Trigo, dont la technologie repose sur la vision par ordinateur pour suivre les déplacements et les achats des clients. En Italie, Sensei Retail a développé pour Conad le concept «TuDay Conad», une supérette autonome installée à Vérone où les clients peuvent faire leurs courses sans file d’attente ni caisse traditionnelle. Mais, là encore, ces concepts reposent sur une application mobile ou un compte bancaire préenregistré, contrairement à l’épicerie de Crolles qui se distingue par son système de paiement interne, directement lié aux badges des employés.