Censure en Russie : WhatsApp et Telegram dans le viseur du Kremlin
La liberté d’expression poursuit sa lente agonie en Russie. L’autorité russe de surveillance des communications a annoncé mercredi restreindre les appels passés via les messageries WhatsApp et Telegram, afin de « lutter contre les criminels », a argué l’agence de presse étatique Ria Novosti. Ces deux applications faciliteraient les fraudes et impliqueraient « des citoyens russes dans des actes de sabotage et des activités terroristes ». Dans les faits, Moscou soupçonne ces réseaux de permettre aux services de sécurité ukrainiens de recruter des citoyens russes.
Surprise par ces restrictions, WhatsApp, filiale du groupe états-unien Meta, a réagi par la voix de son porte-parole : « WhatsApp est une (messagerie) privée, chiffrée de bout-en-bout, qui résiste aux tentatives des gouvernements de porter atteinte au droit des personnes à une communication sécurisée, et c’est pour cela que la Russie essaie de la bloquer pour plus de 100 millions de Russes. » Aussi visée, la plateforme Telegram a rappelé dans un communiqué « lutter activement contre l’utilisation abusive de sa plateforme » et supprimer « chaque jour des millions de contenus nuisibles ».
Meta, persona non grata en Russie
Dans le pays, internet a longtemps été l’un des derniers espaces de liberté pour les opposants au pouvoir, interdits de manifester. Les voix qui s’élèvent – écrivains, chercheurs, artistes – contre Vladimir Poutine et son gouvernement sont ainsi taxés « d’agents de l’étranger », au service notamment des États-Unis. Mais cette chasse aux sorcières s’est aggravée depuis l’invasion russe en Ukraine, en 2022, année qui a vu Facebook et Instagram, deux autres filiales de Meta, se faire complètement bloquer en Russie, car considérés comme « extrémistes » par le pouvoir.
L’an dernier, c’est Youtube, propriété de Google, qui a été également censuré, désormais seulement accessible via un VPN (réseau privé virtuel). Problème : fin juillet, Vladimir Poutine a promulgué une loi visant à punir les recherches de contenus encore une fois classés « extrémistes » sur internet, mais aussi à interdire la promotion des VPN.
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