Qu'est-ce que le «taphotourisme» ? Cette pratique tout à fait hors du commun
Si pour beaucoup, vacances riment avec détente et découvertes en plein air, certains y trouvent une autre voie, plus atypique, à l'image du «taphotourisme». Passionné de ce domaine depuis dix ans, Vinícius Barros nous raconte son parcours et l'attrait pour ces lieux empreints d'histoire.
Derrière cette expression, on découvre le parcours d'un taphophile engagé. À l'heure des vacances de la Toussaint, cet entrepreneur de 35 ans, nous explique ce goût pour l'obscur : «J'ai commencé à aller de plus en plus souvent dans les cimetières et je me suis rendu compte que j'étais tombé amoureux de cette pratique. Je me suis donc dit qu'il devait bien exister un nom pour quelqu'un passionné de cimetières comme moi, et j'ai découvert qu'ils s'appelaient les taphophiles». «Tapho», du grec «tàphos», signifiant tombe ou sépulture.
Les visites de sites commémoratifs, souvent qualifiées de « nécrotourisme » ou de « thanatourisme », prennent ici un aspect plus engageant et contemplatif grâce à l'initiative de Vinícius Barros. Soucieux d'éviter la connotation négative de ces termes, il a adopté le concept de «taphotourisme» pour créer une expérience reposant sur quatre piliers : l'histoire, l'art, la biodiversité et la durabilité. «Nous croyons en une expérience de visite plus riche, où la contemplation du lieu prime sur la notion de décès», explique-t-il.
«J'étais poursuivi par la peur de la mort»
Pourtant, il y a dix ans, Vinícius était loin d'être un adepte de cet univers. Docteur en sciences de la vie et ancien chercheur dans le domaine pharmaceutique, il raconte : «Du fait de mon travail, j'étais tourmenté par la peur de la mort, la peur de mourir. J'ai donc commencé à me dire qu'il fallait que je découvre d'où venait cette peur, et pour cela, il fallait que je commence par aller dans un endroit où la mort est présente.»
Cette première expérience agit comme une véritable révélation : «Je me suis retrouvé devant certains tombeaux qui m'ont vraiment interpellé, et je me suis senti absorbé par la vie des personnes, notamment par les petits souvenirs qui étaient laissés sur les tombes. Et c'est ainsi que j'ai voulu faire quelque chose pour honorer leur mémoire.»
Valoriser le patrimoine funéraire grâce à une application
Bien avant de populariser le terme de taphotourisme, Vinícius décide de lancer une application dédiée à la valorisation du patrimoine funéraire. Baptisée « Mementour », elle offre aux utilisateurs des parcours thématiques avec des informations contextuelles pour chaque tombe sélectionnée. «L'idée est de mettre en évidence certains tombeaux remarquables mais aussi l'histoire des personnes qui y reposent», précise l'entrepreneur.
Dans un premier temps, l'application présentera les tombeaux de personnalités publiques, comme ceux du cimetière du Père Lachaise, qui accueille chaque année 3,5 millions de visiteurs. À l'occasion d'un projet pilote avec la métropole du Grand Paris, ce dernier fera d'ailleurs partie des premiers cimetières intégrés dans Mementour, de même que les cimetières de Montparnasse, Montmartre et Passy, ainsi que le cimetière de Pont-Blanc à Aubervilliers.
Visiter des cimetières, la nouvelle attraction culturelle ?
Ambitieux, le projet pourrait s'imposer comme une nouvelle activité culturelle de choix. Néanmoins, certains pourraient craindre que les cimetières deviennent des lieux de divertissement, au détriment de leur fonction de recueillement. Vinícius Barros assure que des consignes de respect s'afficheront dès l'ouverture de l'application.
Selon lui, les cimetières méritent une approche aussi respectueuse que celle accordée à d'autres lieux historiques : «Ce n'est pas parce que je viens chez vous que je vais vous manquer de respect ; c'est mon comportement qui le détermine. Pour moi, le véritable manque de respect, c'est de laisser ces gens dans l'oubli. Venir, contempler leur histoire, c'est une façon de leur rendre hommage.» Dans l'attente des derniers accords et d'un financement adéquat, l'application Mementour devrait voir le jour très prochainement.
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