À mesure que les heures s'égrènent, l'effervescence se fait sentir. Sur cette portion de l'autoroute A6, en Essonne, 150 tracteurs sont rangés par deux le long de la rambarde de sécurité, dans le sens « province-Paris ». Des saucisses, des côtes de porc et de grands bries, spécialité locale, cuisent doucement sur les barbecues. Au moins deux centaines d'agriculteurs se pressent autour d'un barnum blanc, planté à côté d'un feu de palettes continuellement alimenté. Le premier ministre Gabriel Attal s'apprête à prononcer un discours de politique générale très attendu.
Pour l'occasion, les responsables syndicaux de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs ont branché un écran de télévision et des enceintes à un groupe électrogène. Sur ce point de blocage, à une trentaine de kilomètres de Paris, personne ne veut perdre une miette de potentielles annonces gouvernementales. Ils vont rapidement déchanter. Quand le premier ministre prend la parole, les railleries prennent rapidement le pas sur le…