Je suis évidemment en avance, et lui à l'heure. Il entre dans le restaurant et, exactement comme on me l'avait parfois décrit, tout s'arrête et lévite. Les clients se tournent vers lui, les serveurs s'arrêtent dans leur course, on a même l'impression que la cuisson des plats se met en pause pour quelques instants. Il s'approche, suivi de son assistante, je me lève, il me serre la main, très souriant, et me dit d'un air malicieux : « Alors, c'est toi, l'acteur qui voulais m'enterrer ? »
Je souris, bêtement sans doute, et balbutie un semblant de réponse qui, heureusement, s'évanouit vite dans le bruit des chaises sur les carreaux de ciment. La légende est donc là, devant moi, sympathique, affable et surtout un homme curieux, gourmand de connaître l'autre.
Une période creuse
Quand, cinq ans auparavant, on m'avait proposé d'incarner Alain Delon dans un biopic de Romy Schneider, je ne connaissais rien de lui ou si peu. Delon, c'était pour moi Le Clan des Siciliens et la guimbarde entêtante de Morricone…