Budget : recadrée par Barnier, Pannier-Runacher rentre dans le rang et promet de «prendre sa part des efforts»
Opération place nette au gouvernement. À l’approche de l’examen du budget en séance publique à l’Assemblée, certains ministres marqués à gauche ont tenté de faire monter les enchères la semaine dernière. Le garde des Sceaux Didier Migaud a été le premier à mettre sa démission dans la balance pour s’opposer au coup de rabot prévu dans la lettre-plafond de la Justice, avant que sa collègue Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique) ne croie bon de l’imiter, menaçant elle aussi de claquer la porte si elle n’obtenait pas un «budget à la hauteur de la situation». Invitée dimanche du «Grand Jury» RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat, l’élue du Pas-de-Calais a certes redit son souhait de «trouver les moyens pour (son) action», mais elle a aussitôt précisé avoir une «totale conscience de la situation budgétaire de notre pays», promettant de «prendre sa part des efforts» nécessaires.
Une manière de rentrer dans le rang après le sévère recadrage public que lui a adressé Michel Barnier, dans une longue interview accordée au Journal du Dimanche. «Tous les ministres connaissent la règle du jeu. Tous les ministres sont informés depuis le premier jour de la difficulté budgétaire dans laquelle nous sommes et de la solidarité dont chacun doit faire preuve. Ça n'a pas vocation à changer, y assène sèchement le chef du gouvernement. Je continuerai à prendre mes responsabilités. Et les ministres doivent faire de même».
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Agnès Pannier-Runacher, qui dit avoir échangé «par texto» ces dernières heures avec l’hôte de Matignon, trouve «normal d'avoir des débats assez fermes» au sein du très hétéroclite gouvernement auquel elle participe, soutenu par une fragile coalition entre la droite et les macronistes. Pour autant, l’intéressée jure qu’elle ne sera pas «irresponsable d'un point de vue budgétaire», et qu’elle n’entend donc pas porter des exigences qui empêcheraient la «réussite» de l’exécutif. Résultat, même si elle jure de «se battre pour les Français, pour le pouvoir d'achat, pour la compétitivité», la ministre se dit «confiante» sur l'issue de la minicrise qu’elle a elle-même contribué à provoquer.
D’autant que les urgences budgétaires du moment vont de pair avec d’autres dossiers prioritaires qui l’attendent en haut de la pile qui trône sur son bureau. À commencer par les inondations d’une ampleur exceptionnelle qui ont frappé cette semaine plusieurs départements du Centre-Est du pays, face auxquelles elle appelle les oppositions à avoir «les yeux grands ouverts». «C’est normal qu’on se batte (ensemble) pour protéger les Français contre le dérèglement climatique», a-t-elle prévenu.
Le «manque de responsabilité» du NFP
Manière de dénoncer en creux l’attitude de la gauche, qui a œuvré à l’échec des débats en Commission des finances. Agnès Pannier-Runacher a ainsi raillé le «manque de responsabilité» du Nouveau Front populaire (NFP), qui «n’a eu de cesse d’échapper à la question de “comment on redresse la situation des finances publiques” en disant “on taxe, on taxe, on taxe”.» Et de rappeler la ligne directrice du gouvernement, qui consiste à rechercher «des points d’équilibres» entre impôts supplémentaires et coupes budgétaires.
Alors que le déficit public est estimé au-dessus des 6% du PIB en 2024, Emmanuel Macron peut-il être tenu pour seul responsable de ce dérapage ? La ministre de la Transition écologique et de l'Énergie a beau rappeler le poids du «quoi qu'il en coûte» dans ce bilan, elle s’en remet à la commission d’enquête sur la dérive des finances publiques. Qui devra «regarder les écarts que nous constatons» entre l’optimisme des annonces des précédents gouvernements et la gravité réelle de la situation actuelle.