«C’est Versailles ici» : l’ex-patron d’EDF appelle à consommer davantage d’électricité
Électrification. Ce mot était sur toutes les lèvres lors de la célébration des 100 ans de la Fédération des industries électroniques et de communication (Fieec). Plus qu’un mot, une injonction à faire, qui prend une dimension particulière dans un contexte politique houleux, fait de levées de boucliers à l’encontre de ce principe même. «L’électrification ne devrait pas être un slogan , mais un projet», tranche Marc Ferracci, le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, avec une ligne directrice simple : opposer l’électricité aux énergies fossiles «qui nous coûte des pans entiers de notre souveraineté, et pas seulement en termes économiques». Dans son discours, devant une salle conquise, il n’a de cesse de souligner l’importance «d’avancer sur deux jambes, le nucléaire et les renouvelables». L’occasion pour le ministre de rappeler quelques objectifs, dont celui de disposer de 7 millions de points de recharge pour véhicules électriques en 2030 (contre un peu plus de 1,7 million à ce jour, dont 1,4 million à domicile). Une ambition qui fait mouche devant un parterre de patrons d’entreprises toutes actrices à divers niveaux de cette électrification et de la numérisation des usages.
Le pendant de ce développement est résumé en une phrase par la Fieec, «le visible prend la place de l’invisible». La production d’énergie fossile est quasi invisible pour les Français. Celle d’électricité se voit et c’est bien là son principal défaut aux yeux de certains. «Les infrastructures façonnent notre avenir. La France se transforme. Le défi du siècle est de réussir ensemble la transition énergétique et la transition numérique», résume Marc Ferracci. Or, dans ces domaines, la France peut compter sur ses champions.
Passer la publicitéOn attend la conversion des usages carbonés, vers des usages décarbonés. Mais la demande ça ne se décrète pas. L’enthousiasme électrique est menacé par l’absence de corrélation entre la vitesse de développement de la demande et de la production »
Luc Rémont, président d’honneur d’EDF
Venu en tant que président d’honneur d’EDF et d’«électricien libre» selon ses propres mots, Luc Rémont met l’accent sur la consommation d’électricité, égale à celle d’il y a vingt ans. Les efforts d’efficacité et de sobriété ont porté leurs fruits. Maintenant «il ne faut pas avoir honte de consommer de l’électricité. C’est Versailles ici. De l’électricité on en a», souligne l’ex-PDG d’EDF, soucieux de mettre en adéquation la production d’électricité avec la demande. «On attend la conversion des usages carbonés, vers des usages décarbonés. Mais la demande ça ne se décrète pas. L’enthousiasme électrique est menacé par l’absence de corrélation entre la vitesse de développement de la demande et de la production». Charger un véhicule électrique coûte quatre fois moins cher qu’un plein d’essence.
Décarbonée et pas chère... mais à condition d’être consommée au «bon moment». Comprendre, «allumer sa climatisation entre 11 heures et 15 heures », comme l’a souligné Esther Finidori, directrice développement durable de Schneider Electric. Autrement dit, de consommer quand les panneaux solaires fonctionnent à plein, entraînant une baisse des prix de l’électricité particulièrement abondante à cette période.
«Certains industriels ont dit que mes prix étaient trop élevés, ce qui est faux je vous le garantis. L’électricité en France est la plus compétitive d’Europe», a ajouté Luc Rémont, qui rappelle que les prix du gaz sont en revanche quatre fois plus élevés sur le Vieux Continent qu’aux États-Unis. Pour faciliter cette bascule, «il faut une cohérence fiscale, que l’électricité ne soit pas plus taxée que les fossiles», résume Damien Carroz, directeur général du groupe Atlantic, qui appelle à la stabilité des dispositifs en place et à «moins d’intervention» des pouvoirs publics pour que «la dynamique du marché puisse apporter des solutions».