Ligue des champions : pourquoi l'AS Monaco dispute presque un derby face au Club Bruges

Pour relier la Principauté à la Venise du Nord, comptez 12h30 de route et 1 251 km. Pourtant, malgré cette distance, l'affiche de Ligue des champions entre le Club Bruges et l'AS Monaco, jeudi 18 septembre, revêt presque des airs de derby à l'échelle européenne. Et pour cause : depuis 2017, le club du Rocher s'est taillé une place dans la cité flamande, en devenant propriétaire du Cercle Bruges, deuxième club de la ville et grand rival de son adversaire du soir.

Revenu au premier plan du football français au début des années 2010 après son rachat par le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, l'AS Monaco était alors à la recherche d'un club satellite. Comme d'autres écuries européennes, l'ASM s'est tournée vers la Belgique, volant au secours du Cercles Bruges, institution du football belge en danger. "Cet accord vise à garantir la survie du Cercle Bruges dans le football professionnel", rassurent d'ailleurs les dirigeants brugeois à l'époque, englués en deuxième division, et proche de la banqueroute.

Une pouponnière inefficace

En rachetant 60% des parts du Cercle Bruges, l'AS Monaco s'offre alors une pouponnière. "À terme, ce projet doit permettre aux jeunes de l’Academy AS Monaco de franchir une étape supplémentaire dans leur progression entre l'équipe réserve et l’équipe première", justifie notamment le club princier au moment du rachat, précisant que l'ambition numéro un est de faire remonter le Cercle Bruges en première division belge. Un objectif atteint la saison suivante, en 2017-2018. Depuis, les Groen en Zwart ("Les Vert et Noir") se sont stabilisés en première division belge.

Mais ils ne le doivent pas à la passerelle établie entre le centre de formation monégasque et la Venise du Nord. Chaque saison, l'AS Monaco prêtait en effet plusieurs jeunes joueurs au Cercle Bruges, un nombre qui a grimpé jusqu'à dix joueurs en 2018-2019. Mais aucun ne s'est fait un nom en Belgique, alors que l'équipe se maintenait péniblement. Si bien que le Cercle Bruges a revu sa politique sportive ces dernières saisons, en réduisant drastiquement le nombre de joueurs prêtés (de toute façon limité à trois par la FIFA depuis 2022).

"Dans les multipropriétés, voir un club avoir trop d'influence sur un autre est source d'échec", expliquait en janvier 2024 à L'Equipe Thiago Scuro, directeur sportif de l'AS Monaco et membre du conseil d'administration du Cercle Bruges. Pour la saison 2025-2026, seulement deux joueurs monégasques sont ainsi prêtés au club belge. La fin des prêts à tout-va ne signifie toutefois pas que la rupture des liens entre les deux clubs, qui s'affrontent d'ailleurs régulièrement en présaison, quand le Cercle Bruges ne vient pas en stage hivernal au centre d'entraînement monégasque.

"Notre ambition a été de construire une idée de jeu très claire et d'aller chercher un entraîneur qui travaillerait autour de ces principes", détaillait Thiago Scuro, en janvier 2024, précisant que l'identité de jeu du Cercle doit se rapprocher de celle de l'AS Monaco. Ce qui a permis aux Brugeois de retrouver des résultats : 8es en 2023-2024, les Groen en Zwart ont terminé 4e la saison passée. Mais pas de remporter le vrai derby, contre le Club Bruges, perdu début août (2-0). Ce que les Monégasques tenteront de venger, jeudi, au stade Jan Breydel, antre partagé par le Club Bruges et le Cercle Bruges.