Au Japon, le Premier ministre Shigeru Ishiba subit un cuisant revers électoral, son avenir en suspens
Au Japon, la coalition gouvernementale n'a plus de majorité. Le Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) du Premier ministre Shigeru Ishiba et son allié Komeito (centre droit) ont gagné 41 sièges sur les 125 en jeu, lors d'élections organisées dimanche 20 juillet. Loin, très loin, des 50 nécessaires pour gouverner.
"La situation est difficile, nous devons l'examiner très humblement et sérieusement", a commenté Shigeru Ishiba. Questionné sur son avenir, il a répondu : "Nous ne pouvons rien faire avant d'avoir vu les résultats finaux, mais je me montrerai conscient de ma responsabilité".
"D'un côté, certains considèrent que les négociations commerciales toujours en cours avec l'admnistration Trump pourraient lui offrir un sursis. De l'autre, le Premier ministre lui-même avait déclaré viser 50 sièges : avec un résultat en-deçà, il serait probablement logique qu'il démissionne", a indiqué à la chaîne NHK Koji Nakakita, professeur à l'Université Chuo. "Il pourrait être remplacé par quelqu'un d'autre, mais on ne sait pas encore qui", confirme à l'AFP Hidehiro Yamamoto, professeur de politique à l'Université de Tsukuba.
Un revers sur fond de forte inflation et de poussée du parti anti-immigration Sanseito
Le parti populiste anti-immigration Sanseito, au slogan "Le Japon d'abord", fait lui une très forte percée avec 16 sièges remportés selon les sondages sortie des urnes, alors qu'il n'en tient que deux dans l'assemblée actuelle. Cette formation, qui s'est vue contrainte de nier tout lien avec Moscou, prône des "règles et restrictions durcies" en matière d'immigration, fustige le "mondialisme" et les politiques de genre "radicales", et appelle à refondre les stratégies de vaccination et de décarbonation.
Le Japon pourrait désormais entrer "en terrain inconnu, avec un gouvernement en minorité dans les deux chambres du Parlement, situation inédite depuis la Seconde Guerre mondiale", rappelle Toru Yoshida, professeur de sciences politiques à l'Université Doshisha.
Faute d'une coalition alternative entre des partis d'opposition fragmentés et incompatibles entre eux, "le scénario probable pourrait désormais être une grande coalition entre le PLD et le Parti démocrate constitutionnel" (centre-gauche), principale force d'opposition, estime Hidehiro Yamamoto.
Pour atténuer l'impact inflationniste, Shigeru Ishiba avait décidé d'étendre les aides au logement, prolongé des subventions à l'énergie. Il s'était aussi engagé à verser des chèques d'aides aux citoyens. Les autorités ont également débloqué une partie des réserves stratégiques de riz pour faire baisser les prix. Sans succès pour l'heure.