Jurassic World : Renaissance, Materialists, L’Accident de piano : Les films à voir et à éviter cette semaine

Jurassic World : Renaissance - À voir

Action/Aventure de Gareth Edwards - 2h13

Initiée en 1993 par Steven Spielberg, la saga Jurassic Park-Jurassic World s’est progressivement émoussée. Six films pour le moins inégaux, opposant des dinosaures de moins en moins terrifiants à des humains de plus en plus stéréotypés. Heureusement, Hollywood peut parfois prendre conscience de ses dérives. L’intrigue se déroule cette fois cinq ans après Jurassic World : Le monde d’après (2022). L’environnement de la planète s’est révélé hostile pour la plupart des dinosaures. Ceux qui subsistent vivent dans un environnement équatorial isolé. Mandatée par un éminent groupe pharmaceutique aux visées soi-disant humanistes, une mercenaire expérimentée, Zora Bennett (Scarlett Johansson, convaincante), doit organiser une expédition clandestine. Son objectif ? Collecter des échantillons d’ADN de dinosaures géants pour mettre au point un remède susceptible de guérir de maladies graves. Avec son zeste d’humour et son brin de nostalgie, ce septième film se révèle un grand et beau divertissement estival. Peut-être celui dont la franchise avait besoin pour sortir de l’ornière. O.D.

L’accident de piano - À voir

Comédie de Quentin Dupieux - 1h28

Bras en écharpe, cou pris dans une minerve, perruque filasse, bagues aux dents… Dès sa descente d’hélicoptère, Adèle Exarchopoulos est méconnaissable et parfaitement identifiable sous les traits de Magalie. « J’ai oublié de mettre un commentaire positif sur le pilote d’hélicoptère », regrette Magalie. Ou plutôt Magaloche, star du web convalescente et en pause dans un chalet de montagne, accompagné de son assistant. On apprendra que son talent consiste en une maladie congénitale qui la rend insensible à la douleur. Elle lui permet de poster des vidéos chocs dans lesquels elle s’inflige toutes sortes de sévices sans une égratignure. Elle finit par devoir accepter une interview avec une journaliste qui en sait long sur l’accident de piano, cause de sa mise en retrait. L’Accident de piano est une satire de la bêtise, sujet inépuisable depuis Flaubert, fléau décuplé par la puissance des réseaux asociaux. Dupieux est un grand misanthrope. Il a beau faire semblant de garder foi en l’humanité dans ses interviews, son cinéma vomit notre époque formidable avec un humour féroce sans égal. É.S.

Materialists - À voir

Comédie/Romance de Celine Song - 1h49

À l’heure des applications de rencontre, trouver l’amour est une gageure. À New York, c’est mission impossible. Entremetteuse dans une agence matrimoniale haut de gamme de la Grosse Pomme au taux de réussite stratosphérique, Lucy écoute ses clients-divas égrener leurs critères exaspérants. Alors qu’elle assiste à un mariage noué par ses soins, Lucy voit sa maîtrise du cours de la séduction mise à l’épreuve. Elle recroise son ex, John, acteur raté et serveur à la noce, et attire le frère du marié, Harry. Ce dernier est grand, travaille dans la finance et est propriétaire d’un impressionnant loft à Tribeca. Présenté à la va-vite comme une comédie romantique, Materialists en subvertit les codes avec acidité, malgré un dénouement naïf et précipité. Avec son sens acéré de l’observation, le film tient de la comédie de mœurs, entre la satire joyeuse façon Jane Austen et le fatalisme d’Edith Wharton. C.J.

Islands - À voir

Comédie/Thriller de Jan-Ole Gerster - 2h03 

Quel fêtard ! Avec sa casquette à l’envers, il règne sur les discothèques de cette île des Canaries. Shots de vodka, rails de coke, Tom ne se ménage pas. Résultat : il dort n’importe où, sur la plage. Le professeur de tennis a sa petite légende. Il a joué une fois contre Nadal qui n’arrivait pas à renvoyer ses services. La vedette locale, qui cache sa bouteille de whisky dans une boîte de balles, donne des cours dans un hôtel de luxe. Il sympathise avec un couple d’Anglais. Le mari est retrouvé mort quelques jours plus tard. Les recherches se précisent. S’est-il noyé ? Jeté dans le cratère d’un volcan ? Apparemment, la chose n’est pas si simple. Dans Islands, Jan-Ole Gerster filme la chaleur, la poussière, la montée des sentiments, la frustration conjugale. L’été est là, qui éclaire cette énigme de sa lumière brute, impitoyable. É.N.

Rapaces - À voir

Thriller de Peter Dourountzis - 1h44

Grâce à la longue pratique de son métier, Samuel a acquis les bons réflexes. Son défaut ? Il travaille pour la presse dite de « caniveau ». Reporter aguerri pour Détective, cet enquêteur de fait divers bien crapoteux passe sa vie à chercher un petit crime à se mettre sous la dent. Il en a fini par oublier sa fille de 18 ans. Depuis quelque temps, le père travaille avec la fille. Elle compte bien renouer les liens avec un père absent. Samuel déniche une sale affaire comme il en a le secret. Entre Grenoble et Chambéry, on a retrouvé dans un champ le cadavre d’une jeune fille défigurée à l’acide. Pour son second long-métrage, le réalisateur Peter Dourountzis (Vaurien) plonge dans un thriller journalistique ancré dans un univers très réaliste. Si ce dernier questionne le rôle des médias en décortiquant les pulsions voyeuristes qui régissent certains d’entre eux, il n’oublie pas d’être un polar haletant doté d’une réalisation rigoureuse qui refuse le « tout-à-l’esbroufe ». Malgré quelques maladresses dans sa première partie, Rapaces se rattrape de belle manière dans une surprenante montée de tension. O.D.

Mamie Sitting - À voir

Comédie de Darren Thornton -1h29

Auteur d’un roman d’apprentissage semi-autobiographique racontant son coming out dans l’Irlande réprimée et conservatrice des années 2000, Edward prépare la sortie de son livre, plébiscité par Tik Tok, aux États-Unis, où son éditeur aimerait l’envoyer en tournée promotionnelle. Sauf qu’Edward est l’aidant unique de sa maman septuagénaire, qui a perdu l’usage de ses jambes et de la parole dans un AVC. Toujours aussi autoritaire et sarcastique, Alma règne sur la maisonnée grâce au logiciel de communication de son Ipad. Edward trouve du réconfort auprès de ses amis gays, eux aussi aux prises avec la perte d’autonomie de leurs génitrices. Mais ces derniers savent aussi profiter de la gentillesse du romancier effacé, qui se plie en quatre pour ses proches. Ayant réservé des vacances en Espagne, les lascars déposent chez Edward leurs propres mères. Voici le trentenaire en charge de quatre séniors peu commodes, qui se battent sur tout. Remake d’une comédie italienne à succès, Mamie Sitting confirme le dynamisme du cinéma irlandais, et aborde, avec courage et humour mélancolique la question de la dépendance. . À travers cette cohabitation riche en péripéties burlesques dont un road-trip chez une voyante, c’est aussi un portrait de femmes d’une autre génération, qui émerge. Elles ont serré les dents, encaissé les trahisons, tout donné à leurs maris, à l’Eglise, et des traumatismes et des non-dits ressentis par leurs rejetons. En fils dévoué, qui apprend à s’affirmer, l’acteur James McArdle (Andor) est une révélation. C.J.

La Trilogie d’Oslo : Rêves - À voir

Drame de Dag Johan Haugerud - 1h50

Une adolescente tombe amoureuse de sa professeur. En classe, elle est tout ouïe, bouche bée. Cette découverte la bouleverse tellement qu’elle la consigne sur son ordinateur. Une voix off commente les aléas de ces sentiments nouveaux. On est dans la tête de Johanne. Apparemment, elle a du talent. Quand elles lisent le texte, la mère et la grand-mère, qui est poète et qui ne mâche pas ses mots, sont à la fois médusées et scandalisées. Elles n’en reviennent pas, et ce pour deux raisons. Les dons de l’élève sautent aux yeux, mais ne s’agit-il pas d’un abus, d’un détournement de mineure ? Ah, les amours naissantes ! Les adultes ne peuvent pas comprendre. Ses camarades de classe sont à côté de la plaque. Dag Johan Haugerud, qui est aussi romancier, chiade les dialogues, choisit l’élégance et la délicatesse, soigne ses décors, comme cet immense escalier dans la forêt. Une douceur veloutée, une mélancolie légère, flottante, nuageuse, baignent ces intermittences du cœur. É.N.

L’Aventura - À éviter

Comédie de Sophie Letourneur - 1h40

Dans Voyages en Italie, Sophie (Sophie Letourneur elle-même) et Jean-Fi (Philippe Katerine), partaient en Sicile pour tenter de rallumer la flamme. Entre satire du tourisme de masse et portrait d’un couple de bobos parisiens à la libido en berne, le road trip était plutôt amusant. L’Aventura est beaucoup moins drôle. Sophie et Jean-Fi découvrent cette fois la Sardaigne. Ils ont emmené les enfants, Claudine, 11 ans, et Raoul, 3 ans. Il fait pipi sur sa couette. Le coucher de soleil a une odeur de merde à cause de son caca. L’autofiction ne dépasse guère ce stade. Les vacances en familles ne sont que scatologie et situations triviales. É.S.