Notre critique de Paddington au Pérou, les aventuriers de l’ourson perdu
Et si c’était le meilleur des trois? Dix ans déjà que l’ours Paddington, star de la littérature jeunesse créé en 1958 par le caméraman de la BBC Michael Bond, a opéré sa mue cinématographique. Une transposition sur grand écran réussie, d’abord orchestrée par Paul King pour les deux premiers longs-métrages.
Pour ce troisième film, Dougal Wilson (réalisateur de clips rock pour Cold play ou Jarvis Cocker) prend la relève et s’en tire plutôt avec les honneurs. Cette fois la comédie londonienne laisse la place à un film d’aventures rythmé, trépidant et référentiel.
Bien installé dans le grenier de la famille Brown, Paddington (toujours doublé en français par l’excellent Guillaume Gallienne) coule des jours heureux à Windsor Garden, le quartier où il vit à Londres. Toujours maladroit mais bien intentionné, éternellement affublé de son chapeau en feutre rouge et de son duffle-coat bleu, Paddington cite à qui veut l’entendre les conseils avisés de sa tante Lucie, celle qui l’a élevé dans un esprit d’ouverture, une grande bienveillance doublée d’une générosité illimitée.
Enfin naturalisé britannique, tandis qu’il reçoit son passeport anglais (et ce, après une hilarante séquence dans un photomaton pour obtenir une photo d’identité valide), notre cher ourson d’origine péruvienne apprend que sa Tante Lucie a besoin de lui. Ni une ni deux, notre flegmatique petit plantigrade embarque la famille Brown pour un voyage au Pérou à la recherche de celle qui lui a toujours servi de boussole affective et morale. Une fois sur place, il découvre que sa tante a mystérieusement disparu de sa maison de retraite pour ours vétérans.
Aux commandes de cette troisième aventure, on retrouve Mark Burton, brillant producteur et scénariste ayant déjà planché sur les deux derniers Wallace et Gromit ou Shaun le mouton). Avec beaucoup d’esprit et une belle dose d’humour british, il offre une jolie virée péruvienne à Paddington sur les traces de ses origines.
Les péripéties tumultueuses dans la jungle amazonienne s’enchaînent comme à la parade. Entre la chasse au trésor vers la mythique cité d’Eldorado en compagnie d’un marin espagnol bipolaire (Antonio Banderas) sur un bateau brinquebalant qui rappelle l’African Queen d’Humphrey Bogart et Katherine Hepburn, ou encore le survol des montagnes du Machu Picchu dans un vieux coucou piloté par l’aventureuse mère supérieure de la maison de retraite pour ours (Olivia Colman, formidable) échappée de La Mélodie du bonheur, le spectateur n’a jamais le temps de reprendre son souffle.
Le film possède cette grande qualité de plaire aux petits et aux aux grands tant il parsème son intrigue de références cinématographiques aux chefs-d'œuvre du septième art. D’Indiana Jones à Mary Poppins , Paddington au Pérou s’affiche comme un véritable festival d’hommages et de clins d’œil astucieux. Surtout, il reconnecte Paddington à ses mystérieuses origines et parvient à révéler l’étonnante passion de notre brave ourson pour la marmelade d’orange dans un retournement de situation final qui en laissera plus d’un sur le flanc... Et tout ça sans la moindre allusion à une quelconque flûte de pan ou à l’immarcescible «El Condor pasa». On notera l’exploit.