Une main tendue du gouvernement envers les agriculteurs. Gestion des pesticides, armement des agents de l'Office de la biodiversité (OFB)... La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a annoncé samedi 30 novembre une série de mesures visant à réduire "les boulets" qui pèsent sur le secteur. "Les agriculteurs en ont ras-le-bol des interdictions, des procédures, des normes", a-t-elle affirmé à l'AFP, alors que la FNSEA a appelé vendredi à de nouvelles mobilisations "partout en France" les 9 et 10 décembre.
"Ce sont véritablement des boulets qui se sont accumulés au point de creuser la compétitivité des exploitations", a-t-elle ajouté, à l'occasion d'un déplacement dans le Loiret et au lendemain de rendez-vous au ministère avec la plupart des syndicats du secteur agricole. La ministre compte également revoir les syndicats "avant Noël" pour un nouveau "rendez-vous de la simplification, que je serais même tenté d'appeler les rendez-vous du bon sens". Objectif, "venir à bout, méthodiquement, de tous les freins à la production", explique-t-elle.
Création d'un conseil "pour la protection des cultures"
Parmi les mesures annoncées, la création d'un "Conseil d'orientation pour la protection des cultures". Créé par décret, ce Conseil, présidé par la ministre, réunira les parties prenantes dont les agriculteurs, les instituts de recherche et les fabricants de produits phytosanitaires. Il visera à "prioriser l'instruction" par l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) des demandes d'autorisation des intrants, en fonction des besoins des filières agricoles. Autrement dit, il s'agira pour l'Anses de faire passer en haut de la pile des demandes de mises sur le marché de certains produits, afin de répondre à des besoins urgents de certaines cultures. "On demande à l'Anses de travailler en priorité sur les usages orphelins ou mal pourvus", a dit la ministre. Les entreprises phytopharmaceutiques pourront apporter "une expertise technique car ce sont elles qui mettent au point les produits".
Sur le fond des décisions, que ce soit pour les autorisations ou les interdictions, "il ne s'agit pas de dicter les décisions à l'Anses, qui est une agence indépendante", a-t-elle assuré à l'AFP. "Je pense que le chemin vers moins de phyto est un chemin sur lequel personne ne reviendra. C'est une orientation qui est actée par tout le monde, les politiques et la profession. Mais pour les filières qui sont en crise, on a besoin que l'Anses priorise ses travaux pour (y) répondre", a-t-elle expliqué. Il faut dire que l'Anses est dans le viseur de certains syndicats pour avoir interdit ou restreint l'usage de certains pesticides avant que cela soit le cas dans l'UE.
Des réformes concernant les agents de l'OFB
Concernant l'OFB, qui assure un rôle de police de l'environnement, le directeur général devra "assurer de manière immédiate la discrétion des armes en cas de contrôle, en recourant à des dispositifs qui permettent de la dissimuler. C'est un irritant majeur" pour les agriculteurs, estime Annie Genevard. Il y aura "déploiement progressif à titre expérimental (...) du port d'une caméra piéton, qui permet de déclencher des enregistrements de contrôle sur place, éventuellement. Généralement cela permet, on le voit avec les pompiers, les policiers, de faire redescendre la tension".
Autre mesure, "une circulaire aux préfets pour optimiser les capacités d'instruction des projets d'élevage, pour raccourcir les délais et privilégier les contrôles à vocation pédagogique pour les récents installés".