Sahara occidental : au Conseil de sécurité, le sort de la Minurso en question
DÉCRYPTAGE - Sous l’effet de pressions budgétaires, de rivalités régionales et de blocages politiques, l’avenir de la mission onusienne n’a jamais été aussi incertain.
Le 30 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies doit s’exprimer sur le renouvellement du mandat de la Minurso, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Quels sont les enjeux de ce vote ?
- Une mission ensablée. La Minurso, mise en place en 1991 par la résolution 690 du Conseil de sécurité, devait consolider le cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui. Ses missions ? Englober la surveillance de la cessation des hostilités (qui n’ont jamais cessé depuis) et la supervision d’un référendum sur le statut de ce territoire (qui n’a jamais pu être organisé). L’ONU et plusieurs ONG imputent le gel du processus politique aux « désaccords sur la définition du corps électoral » et au « refus du Maroc d’inclure l’indépendance parmi les options ». L’ONU continue de classer le Sahara occidental parmi les territoires non autonomes, tandis que le Maroc en administre environ 80 %. Basée à Laâyoune, la Minurso compte environ 400 personnels civils et militaires issus d’une trentaine de pays, sous la direction du représentant spécial russe Alexander Ivanko et du général bangladais Fakhrul Ahsan.
- Des craintes pour son maintien. Début octobre, l’ONU a annoncé que, sous la contrainte de coupes budgétaires américaines, le nombre de ses Casques bleus dans le monde allait être réduit de 25 %, dans le cadre d’un rapatriement qui commencerait dans quelques semaines. Le budget des opérations de maintien de la paix pour la période juillet 2025-juin 2026 est d’environ 5,4 milliards de dollars, dont 1,3 milliard devant venir des États-Unis et 1,2 milliard de la Chine. Neuf des onze missions de maintien de la paix sont concernées, et, parmi elles… la Minurso.
- Le spectre d’un vide sécuritaire. Certains cercles conservateurs américains et des médias marocains soutiennent que le contrôle de facto par le Maroc de la majeure partie du Sahara occidental ainsi que le soutien international croissant à sa proposition d’autonomie signifient que le conflit est, pour l’essentiel, terminé, rendant ainsi la Minurso redondante ou, au mieux, nécessitant une refonte.
Risque de reprise des hostilités
Ces positions ont convergé pour alimenter un débat au sein du Département d’État, sur la nécessité pour les États-Unis de chercher à mettre fin à la Minurso avant, ou seulement après, la conclusion d’un accord négocié sous leur médiation.
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Pendant ce temps, l’ONU et plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, sont d’accord pour dire que la fragilisation de la mission exposerait à un « risque de reprise des hostilités armées, d’affaiblissement du contrôle et de la transparence du processus politique, de possibles violations des droits humains dans la partie du territoire sous contrôle marocain ».
L’International Crisis Group, dans un rapport publié en octobre, rapporte aussi les inquiétudes de diplomates européens, qui redoutent qu’une fin de mission