Les jeunes sont «réduits en esclavage» pour rembourser la dette décidée par les «générations précédentes», cingle Bayrou
François Bayrou persiste et signe. Invité à s’exprimer lors de la Rencontre des entrepreneurs de France (LaREF), jeudi 28 août, le premier ministre a longuement exposé sa vision du contexte international, ainsi que ses inquiétudes quant au monde qui vient. L’occasion d’insister sur le poids de la dette tricolore, ainsi que sur la responsabilité des anciennes générations qui, une fois au pouvoir, auraient selon lui piloté et encouragé sa flambée.
Lors de son discours, le chef de l’exécutif a mis en garde sur les «sacrifices» engendrés par une dette incontrôlable, en s’appuyant sur l’exemple de nos voisins italiens, espagnols ou portugais. «On commence par couper dans les retraites, dans les salaires de la fonction publique, et on crée des impôts pour quatre ou cinq points de TVA dans chacun de ces pays», au grand dam des «plus faibles, des plus fragiles», a-t-il averti. Parallèlement, «il y a une deuxième catégorie de population victime, et c’est insupportable, ce sont les plus jeunes, a ensuite ajouté François Bayrou. Nous sommes en train d’accepter qu’ils soient réduits en esclavage en les obligeant, pour des décennies, à rembourser les emprunts qui ont été décidés, le cœur léger, par les générations précédentes».
Passer la publicité«Plus vicieux encore, un certain nombre de ceux qui sont responsables dans leur génération de cette situation, ont réussi à convaincre les plus jeunes qu’il fallait qu’ils manifestent pour demander encore plus de dettes ! Ça me rappelle ce grand roman d’Orwell, 1984 : “La liberté, c’est l’esclavage”. Et cette guerre de générations est l’un des stigmates les plus révélateurs de la désinvolture de notre époque à l’égard des responsabilités qui sont les siennes», s’est exclamé le chef du gouvernement, dans une longue tirade.
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«Il a raison»
Répondant à des journalistes, après sa prise de parole, François Bayrou a ensuite indiqué que les «boomers», qui ont «profité de l’aisance de l’après-guerre», devraient être «à [ses] côtés, les premiers, pour qu’on baisse la dette et pour que ce ne soient pas les plus jeunes qui soient obligés de la payer». «Qu’une génération ne pense pas à la génération suivante, qu’elle lui impose, sans le lui dire, la charge d’avoir à payer pendant des décennies, des facilités que nous avons rencontrées aujourd’hui, ce n’est pas normal», s’est-il exclamé, dénonçant une situation «immorale».
Ces propos, qui soulignent le rôle des générations passées dans l’explosion de la dette, viennent compléter ceux tenus la veille au soir par François Bayrou. Sur le plateau de TF1, celui-ci avait pointé du doigt la responsabilité des «boomers» dans cette situation dont les plus jeunes vont pâtir. «Les plus jeunes des Français devront payer la dette pendant toute leur vie et on a réussi à leur faire croire qu’il fallait encore l’augmenter, tout ça pour le confort de certains partis politiques et pour le confort des boomers, comme on dit, qui, de ce point de vue là, considèrent que, ma foi, tout va bien», s’est agacé le premier ministre.
Cette attaque envers les plus âgés a été accueillie de manière contrastée. Sur BFMTV, jeudi matin, le porte-parole du RN Laurent Jacobelli a défendu les retraités, quand d’autres, notamment sur les réseaux sociaux, ont estimé que le premier ministre avait enfin ouvert les yeux. «On fait l’autruche sur les finances "pour le confort des boomers" a conclu Bayrou ce soir. Il a osé. Il a raison», a par exemple salué un internaute, sur X. D’autres ont plaisanté et encouragé le chef de la majorité dans ce combat porté notamment par le mouvement «C’est Nicolas qui paie», qui appelle à «baisser les retraites géantes des boomers».