Baptiste W. Hamon, Country
«On s’est toujours foutu de ma gueule quand je disais que j’aimais la musique country» chante Baptiste Hamon avec humour sur une des chansons de son quatrième album, simplement intitulé Country . À la fois manifeste et déclaration d’amour à un genre musical encore assez méprisé sous nos latitudes, ce nouveau disque est une grande réussite. À l’heure où Beyoncé se frotte au genre, et alors qu’on annonce des albums country de Lana Del Rey, Post Malone ou encore Ringo Starr, Baptiste Hamon pourrait même bien être à la mode sans l’avoir cherché. S’il n’est pas le premier Français à adopter les couleurs de la country (Eddy Mitchell ou Alain Bashung l’ont fait avant lui), il est en revanche le premier à le faire sur toute la durée d’un album. Les chansons originales bénéficient de la plume alerte du trentenaire, et les reprises (Eddy Mitchell, justement et Hugues Aufray) raccordent le jeune homme à une tradition. La production est impeccable et le jeu des musiciens tout à fait dans le ton, sans même parler des chœurs impeccables de la chanteuse Lony. C’est simple, on se croirait presque à Nashville avec ce disque vivifiant et tonique, qui bouscule les clichés et les a priori. L’héritier des immenses Townes Van Zandt ou Kris Kristofferson est bien Français. Espérons qu’il déclenche de nouvelles vocations par dizaines.
Elvis Costello, King of America and other Realms
En 1986, l’Anglais teigneux Elvis Costello, apparu sur la scène londonienne moins de dix ans auparavant, frappait un grand coup en sortant coup sur coup deux de ses meilleurs albums. On pourrait presque ajouter ses derniers grands albums tant sa production a été inégale depuis lors. Blood and Chocolate et King of America sont ces références. Ce dernier bénéficie d’une nouvelle réédition, près de vingt ans après la première. Chacune d’entre elles (la première date de 1995) apporte son lot de bonus, mais aucune n’a été aussi riche que celle d’aujourd’hui. Les fans qui possèdent déjà trois éditions du disque vont devoir s’acquitter d’une quatrième. Et qu’y trouveront-ils ? En plus de l’album original, qui n’a jamais aussi bien sonné, pléthore de documents fascinants. Des démos à couper le souffle – mention spéciale à I Hope You’re Happy Now, qui évoque un inédit de Dylan période Blood on the Tracks - un live à l’Albert Hall de Londres et une sélection de collaborations du songwriter anglais enregistrées tout au long de sa carrière. Avec cet album, Costello explorait pour la première fois la musique populaire américaine traditionnelle. On ne parlait pas encore vraiment d’Americana, mais Costello était comme Tintin en Amérique, fasciné par un répertoire vaste et guidé dans cette tâche par T-Bone Burnett, l’homme de référence lorsqu’il s’agit de s’aventurer dans les eaux du folk, de la country et du gospel. Le tout est agrémenté de passionnantes notes de pochette signées par l’artiste lui-même, génial raconteur. Un must.