Catherine Laborde, emblématique présentatrice météo de TF1, est morte à l’âge 73 ans

Les apparitions à la télévision de Catherine Laborde  n'avaient, ces dernières années, plus rien de très joyeux. Après avoir présenté le bulletin météo de TF1 pendant plus d'un quart de siècle avec une égale douceur et un même professionnalisme, elle prenait régulièrement son bâton de pèlerin pour témoigner de son combat, mené de front avec son époux, contre la maladie à corps de Lewy. Aussi longtemps du moins que cette affection neurodégénérative lui en a laissé la force. Elle est décédée ce mardi 28 janvier 2025 à l'âge de 73 ans. « Tu es partie sereinement dans ta maison de l’Île d’Yeu que tu aimais tant », a réagi sa sœur, la journaliste Françoise Laborde , dans un message transmis à l’AFP.

Cette Bordelaise née en 1951 était arrivée par hasard ou presque à la télévision, après un début de carrière sur les planches. Sa première apparition dans la petite lucarne, Catherine Laborde l’a ainsi faite en 1978 pour parler du manque de couverture sociale des comédiens. À la même époque (l'INA en a gardé les images), elle apparaissait auprès de Jean Richard dans un téléfilm Maigret. Elle y était Paulette, 18 ans, suspectée d'avoir tué la secrétaire de son père. On l'a vue aussi au générique du film Voyage en Grande Tartarie de Jean-Charles Tacchella et de la série Les gens de Mogador de Robert Mazoyer, avec Marie-José Nat et Marie-France Pisier.

La télévision lui tend les bras en 1988. TF1 cherche alors une présentatrice météo. Le tuyau lui est donné par sa sœur Françoise, qui travaille au service économie de la chaîne. Catherine passe un casting : son style vivant et ses efforts de pédagogie font mouche. Elle est embauchée dans ce département, que le facétieux Michel Cardoze et le journaliste Alain Gillot-Pétré avaient marqué de leurs empreintes. La voilà embarquée dans une aventure qui durera vingt-huit ans. 

« Être proche des gens »

Des dépressions, des anticyclones, du tonnerre ou des éclaircies. Son métier ne l'a jamais ennuyée, assurait-elle. «Les mouvements des nuages, du soleil, de la pluie et du vent ne cessent d'alimenter les jeux des enfants, l'inspiration des poètes et les conversations les plus banales, les plus théoriques ou les plus sérieuses», disait-elle joliment au Figaro en 2002. «Cela étant dit, je suis quand même persuadée que l'on retient plus ma coiffure ou la façon dont je suis habillée que les erreurs de Météo France.» Le style de la présentatrice a bien sûr suivi les modes, et on s'amuse à la revoir au début des années 1990 avec ses tailleurs à épaulettes.

En 1990, justement, Catherine Laborde agrandit un peu son champ d'action en prenant les rênes de l'émission «Parole d'école», dans laquelle des jeunes peuvent s’exprimer à leur aise. Puis, en 2003, de «Télévitrine», du téléachat autour de l'univers de la maison. «Pour être plus proche encore des gens», dit-elle à l'époque. Le credo de sa carrière. Elle restera jusqu'en 2011 à la présentation de cette émission hebdomadaire.

En 1997, Catherine Laborde publie un premier ouvrage, Des sœurs, des mères, des enfants, à quatre mains avec sa sœur, Françoise. Huit ans plus tard, Catherine s'intéresse à notre rapport au climat dans Le mauvais temps n'existe pas. Six autres ouvrages suivront. 

En 2012, à 61 ans, elle retrouve les planches vingt ans après les avoir quittées, au Petit Gymnase à Paris. Le chroniqueur radio Guy Carlier et l'humoriste François Rollin lui écrivent un seul en scène, dans lequel elle parle du temps, du temps qui passe. Celle qui révérait l'actrice Suzanne Flon se produit plus tard à Avignon dans une relecture décalée des Fables de La Fontaine.

Le 1er janvier 2017, Catherine Laborde présente son dernier bulletin, prenant de surprise les téléspectateurs. «Je vous emporte avec moi. Vous m'oublierez. Moi, non. Je vous aime», leur témoigne-t-elle à l'antenne, sobre et émouvante. «J'ai vu tous ces jeunes gens dans les couloirs de TF1, garçons ou filles, qui auraient pu être mes enfants. Il est temps, dans beaucoup de domaines, de laisser la place aux jeunes», précise-t-elle dans Le Figaro

Écrire, c'est guérir un peu

La présentatrice se savait malade. Les derniers temps, elle avait dû faire contre mauvaise fortune bon cœur et masquer, à l'antenne, les premiers signes de la maladie. Quand un mot lui échappait, son expérience lui permettait d'en trouver un autre rapidement. 

Après son départ, Catherine Laborde s'investit en créant une association pour les aidants, soutient Emmanuel Macron sur le volet du handicap et témoigne à la télévision, dans «C à vous» ou «Ça commence aujourd'hui», de son combat contre la maladie. En 2020 dans «Sept à huit», sur TF1, elle confie : «J'ai des pertes de mémoire sans arrêt. Là, je viens de vous parler et je ne me souviens plus ce que j'avais dit il y a une demi-heure. On ne sait plus où on est, qui on est...»

L'écriture lui apportait un réconfort. Dans Amour malade, son dernier livre publié en 2020, elle racontait avec son mari Thomas Stern la complexe relation qui existe entre une personne handicapée et son aidant, «voués à marcher d'un pas hésitant vers une nuit croissante, n'ayant pour [se] soutenir que l'un et l'autre.» Jetant un regard à la fois sur sa vie et sa carrière, elle écrivait un peu plus loin : «La météo (...) nous rappelle que tout équilibre est fragile, instable, versatile. Ce n'est pas une science exacte ; elle garde toujours la poésie de l'imprévisible.»