Nucléaire iranien : le chef de l'AIEA tente un dernier dialogue avec l'Iran avant l'arrivée de Trump

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a rencontré jeudi 14 novembre à Téhéran des responsables iraniens pour discuter du programme nucléaire de l'Iran, quelques semaines avant l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, avec qui Rafael Grossi s'est entretenu mercredi soir, a prévenu jeudi que l'Iran réagirait "immédiatement" en cas de pression étrangère sur le programme nucléaire de son pays.

"Toute résolution interventionniste (de l'AIEA, ndlr) dans les affaires nucléaires de la République islamique d'Iran fera l'objet de contre-mesures immédiates", a indiqué le haut responsable iranien lors d'une conférence de presse commune Rafael Grossi.

Rafael Grossi a également rencontré jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi ex-négociateur en chef côté iranien des pourparlers en 2015 avec les grandes puissances.

Cette réunion a été qualifiée d'"indispensable", par Rafael Grossi sur le réseau social X, bloqué en Iran. "Nous avons convenu d'agir avec courage et bonne volonté", a pour sa part commenté Abbas Araghchi dans un message distinct sur X.

Le chef de l'AIEA doit aussi rencontrer le président iranien Massoud Pezeshkian, selon l'agence officielle Irna.

Ces entretiens sont perçus comme une des dernières chances pour la diplomatie avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump.

Proche des 90 % d'uranium enrichi 

Durant son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait été l'artisan d'une politique dite de "pression maximale" à l'encontre de l'Iran, rétablissant de lourdes sanctions qui avaient été levées dans le cadre d'un accord nucléaire historique conclu en 2015.

Dans le cadre de cet accord, l'Iran et plusieurs pays dont les États-Unis avaient conclu à Vienne un pacte, après 21 mois de négociations. Le texte prévoyait un allègement des sanctions internationales visant l'Iran, en échange de garanties que le pays ne cherche pas à acquérir l'arme atomique.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi (c) arrive pour une rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères, le 14 novembre 2024 à Téhéran
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi (c) arrive pour une rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères, le 14 novembre 2024 à Téhéran © Atta Kenare/ AFP

Téhéran conteste farouchement avoir de telles ambitions sur le plan militaire.

Trois ans plus tard, Donald Trump avait retiré unilatéralement les États-Unis de l'accord et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.

À lire aussiIran, Israël, Gaza… Donald Trump a-t-il un plan pour le Moyen-Orient ?

Depuis, ce pays a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies à 60 %, proches des 90 % nécessaires pour élaborer une arme atomique, selon l'AIEA. L'accord sur le nucléaire plafonnait ce taux à 3,65%.

C'est dans ce contexte que Rafael Grossi est de retour en Iran après une première visite cette année en mai.

Son déplacement est loin de faire la une des journaux en Iran. Rare exception : le quotidien réformateur Sazandegi affiche en couverture une photo du chef de l'AIEA et titre qu'il est porteur d'un "important message" en Iran.

Caméras débranchées

"Les marges de manœuvre commencent à rétrécir" pour l'Iran, a prévenu mardi Rafael Grossi dans un entretien à l'AFP, ajoutant qu'il était "impératif de trouver des moyens pour arriver à des solutions diplomatiques".

Les Iraniens "disposent d'un nombre important de matières nucléaires qui pourraient être utilisées pour fabriquer une arme nucléaire", a-t-il par ailleurs déclaré dans une interview à la chaîne américaine CNN. Mais "ils n'ont pas d'arme nucléaire à ce stade", a précisé le chef de l'AIEA.

Les installations nucléaires en Iran
Les installations nucléaires en Iran © Sylvie HUSSON, Nalini LEPETIT-CHELLA, Sabrina BLANCHARD / AFP/Archives

L'Iran a fortement réduit depuis 2021 les inspections de ses sites nucléaires. Des caméras de surveillance ont été débranchées et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée.

Plusieurs responsables iraniens se sont publiquement interrogés ces dernières années sur la question de posséder la bombe atomique comme outil de dissuasion, dans un contexte de tensions exacerbées avec Israël.

L'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 et ultime décideur dans les dossiers sensibles du pays en particulier le nucléaire, a pour le moment interdit dans un décret religieux tout recours à l'arme atomique.

Avec AFP