Bulle sanitaire, hommage à la nature japonaise... Au stade olympique de Tokyo, le Covid met les JO sous cloche
«Unis par l'émotion.» Telles étaient «les banderoles que Tokyo ne voulait pas voir dans les artères conduisant au stade olympique», indiquait Jean-Julien Ezvan, envoyé spécial dans la capitale japonaise pour Le Figaro (édition du 24-25 juillet 2021). Après le report des Jeux d'un an en raison de la crise sanitaire, la menace longtemps tenace d'une annulation à la suite des rebonds d'une situation fébrile, Tokyo a, sans fièvre, dans un stade olympique de 68.000 places réservé à de rares invités et observateurs, embrasé la vasque, au-dessus de la représentation du mont Fuji.» Si nous l’avons presque oublié aujourd’hui, le Covid-19 avait eu de sacrées répercussions sur les JO de 2021. En premier lieu, l’absence complète de spectateurs, venus ou non de l’étranger.
C’est donc, chers lecteurs, pour conclure votre série d’été, que nous abordons aujourd’hui un stade bien particulier ; le stade olympique de Tokyo. Initialement élaboré par l’architecte Zaha Hadid, le projet de construction est vite abandonné, en juillet 2015, sur impulsion du Premier ministre de l’époque, Shinzo Abe. En cause : les coûts excessifs des travaux. Un nouvel appel d'offres est réalisé, retardant l’inauguration de l’enceinte prévue à l'origine lors de la Coupe du monde de rugby à XV en 2019, et Kengo Kuma l’emporte. Le Japonais a une idée très précise en tête : rendre hommage à la nature nippone.
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La charpente du toit est ainsi composée à l'aide de cèdres en provenance des 47 préfectures du pays. Les morceaux de bois sont disposés de manière à rendre hommage au temple de Horyuji, l'une des plus anciennes constructions en bois du monde. Même la couleur des 60.000 sièges n'a pas été choisie par hasard. La palette varie du brun jusqu'au vert, soit cinq tons différents, afin de rappeler la variation colorimétrique d'une forêt. Plus important encore, Kuma a pris en compte la chaleur qui règne à Tokyo en été et a conçu une structure qui laisse passer le vent. L'architecte a utilisé des corniches superposées, comme celles des pagodes japonaises traditionnelles, pour « attraper » le vent et le réorienter dans tout le stade.
Le but ? Limiter la chaleur et l'humidité, aussi bien pour les spectateurs que pour les athlètes. Des athlètes, notamment français, qui ont réussi à briller durant ces Jeux de 2021 malgré la bulle sanitaire. Avec pas moins de six médailles en sports collectifs – l'argent pour les féminines du rugby à 7, l'or pour les handballeurs et handballeuses, le bronze des basketteuses, l'argent des basketteurs et enfin l'or des volleyeurs -, la France a réalisé son meilleur bilan olympique dans ce domaine depuis plus de dix ans. Alors que les JO de Paris s’inscrivent parfaitement dans cette lancée, le stade olympique de Tokyo restera, lui, comme un souvenir très particulier dans l’esprit de chaque sportif et spectateur.