Pourquoi investir en France est un «enfer» bureaucratique pour les entreprises
«C’est l’enfer d’investir en France pour des raisons réglementaires», pestait ce mardi Luc Rémont, patron d’EDF, à l’unisson avec le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyané qui, quelques minutes plus tôt, expliquait ne pas pouvoir «continuer à investir dans un pays (la France), à avoir autant de personnes qui [lui] coûtent de l’argent pour un rendement aussi faible». Réunis lors d’une table ronde au congrès de l’Union française de l’électricité à Paris (UFE), les deux chefs d’entreprise ne se sont pas montrés tendres avec la sempiternelle bureaucratie à la française, les «procédures», les «délais administratifs qui sont juste incommensurables avec ce qu’on vit ailleurs dans le monde». Au point que Patrick Pouyané s’est même dit prêt à «faire des arbitrages vers des pays qui sont plus accueillants», comme l’Allemagne.
Fin 2019, Tesla avait d’ailleurs douché les espoirs de la France en choisissant la région de Berlin pour y implanter sa «Gigafactory», avançant un manque de réaction rapide et une certaine incertitude sur le soutien des différents niveaux d’autorités publiques. Si le colloque de Luc Rémont et Patrick Pouyané concernait surtout les énergies renouvelables, les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs sont victimes de l’inflation normative. Bercy affirme que le fardeau administratif français représente 400.000 normes applicables, 23.000 pages de codes et 253 millions de courriers entre entreprises et administrations chaque année, pour une perte de production estimée à... 84 milliards d’euros. En moyenne, un patron de TPE ou PME passe huit heures par semaines sur ses obligations administratives