Turbulences annoncées dans un corps préfectoral habituellement si discret. L’ancienne sous-préfète de la Loire, Sylvaine Astic, a déposé plainte contre X pour harcèlement moral à la suite de sa «mise au placard» par l’administration, selon une information du Parisien confirmée au Figaro. Sa plainte de 15 pages - que nous avons pu consulter - retrace sa disgrâce depuis 2021 et ses différends tenaces avec la préfète d’alors, Catherine Seguin, aujourd’hui en poste en Isère. Selon nos informations, le parquet de Roanne a ouvert une enquête préliminaire.
«Aujourd’hui, je suis dans le néant, je n’ai toujours pas de poste ni de mission, j’ai tout juste réussi à récupérer un ordinateur et un téléphone pour recevoir les propositions de mon gestionnaire», raconte au Figaro cette énarque spécialiste de la gestion de crise en sécurité civile, qui est passée par la sous-préfecture de l’Allier avant d’arriver dans la Loire. Officiellement chargée de mission auprès du secrétaire général du ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer, elle n’a en réalité ni bureau ni travail. Si son salaire est payé par l’État, il est amputé de ses primes, au prétexte qu’elle aurait refusé plusieurs postes. Sylvaine Astic dément, évoquant un seul refus sur des missions inadaptées. Cette haute fonctionnaire expérimentée (20 ans de carrière) a même accepté un poste largement en dessous de son niveau statuaire dans l’espoir de rebondir, en vain, malgré d’excellents états de service.
«J’ai été atteinte dans ma dignité »
Sylvaine Astic fait les frais, selon elle, d’une évaluation rendue en 2021 par sa hiérarchie alors qu’elle se trouvait en conflit ouvert avec sa supérieure dans la Loire, la préfète Catherine Seguin (fille de Philippe Seguin) depuis quelques mois. Celle qui avait toujours eu d’excellentes notations est écartée dans la foulée de son poste de sous-préfète. Elle en ressent une «profonde injustice». Viennent ensuite les arrêts maladie, puis «la honte » quand elle comprend qu’elle est mise sur la touche, sans poste au moment de son départ de Roanne. «J’ai été atteinte dans ma dignité», souffle-t-elle.
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La plainte déposée par son avocat Me Gilles-Jean Portejoie, bâtonnier du barreau de Clermont-Ferrand, retrace les méandres de l’administration auxquelles elle fait face depuis trois ans, sans réponses franches quant à sa situation. Écartée pour «le bon fonctionnement du service» de la sous-préfecture de la Loire, Sylvaine Astic n’a pas été sanctionnée pour faute. «Le simple rappel des difficultés récurrentes rencontrées depuis 2021 dans son environnement professionnel démontre la réalité d’un harcèlement moral dans le cadre professionnel, par des manques et incohérences flagrants dans son dossier administratif, l’absence de réponses et les réponses évasives de sa hiérarchie», conclut la plainte.
«C’est une femme qui a vécu humiliation sur humiliation pendant des mois et mois avec des promesses non tenues qui l’ont laminée physiquement, psychologiquement et moralement», déclare son avocat au Figaro. Reste à savoir si la révélation sur la place publique du secret des couloirs préfectoraux - habituellement si feutrés - ne risque pas d’enterrer définitivement sa carrière... L’intéressée répond ne plus avoir le choix : «J’étais au bout du rouleau».