Prix de l’essence : payera-t-on bientôt moins cher à la pompe grâce à Donald Trump ?

Prix de l’essence : payera-t-on bientôt moins cher à la pompe grâce à Donald Trump ?

Le président Donald Trump a fait de la baisse du prix du pétrole un axe fort de son intervention au Forum de Davos. AFP / MANDEL NGAN

La volonté du président américain de «faire baisser le prix du pétrole» pourrait théoriquement se répercuter sur la facture payée par les Français à la pompe. Mais est-ce réaliste ?

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«Drill, baby drill», en français «fore, chérie, fore». De sa campagne à son discours d’investiture, le 47ème Président des États-Unis Donald Trump le répète, il compte augmenter considérablement la production nationale de gaz et de pétrole. 

Son objectif principal ? Faire baisser l’inflation en réduisant le prix à la pompe pour le consommateur et les entreprises américaines. Mais en la matière c’est plus compliqué que cela, les États-Unis ne peuvent faire la loi seuls et Trump l’a bien compris

«Le prix du baril pétrole se détermine au niveau mondial, et dépend de beaucoup d’autres paramètres que celui de l’augmentation de la production américaine», résume Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip). C’est sûrement pourquoi jeudi 23 janvier dernier, Donald Trump a pris soin - lors d’une intervention au Forum de Davos - de s’attaquer à l’Arabie saoudite et ses alliés, ces pays réunis au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). «Je vais demander à l’Arabie saoudite et l’Opep de baisser le coût du pétrole, je suis d’ailleurs franchement surpris qu’ils ne l’aient pas fait, avant l’élection. Ne pas le faire n’était pas franchement une preuve d’amour», a lancé le président américain. «Si le prix était plus bas, la guerre en Ukraine serait aussitôt terminée», a-t-il surenchéri ensuite.

L’Arabie saoudite ne souhaite pas cette baisse des prix

Dans les faits, cette diatribe de Donald Trump fait écho à une situation présente en amont de sa réélection. En 2024, la consommation de pétrole dans le monde a augmenté «d’environ 1%», pour atteindre les 104,1 millions de barils par jour. «Et les prévisions tablent sur une nouvelle augmentation de 1% en 2025», note Olivier Gantois. 

Dans le même temps, «on observe également que les États-Unis ont durablement augmenté leur production de pétrole», ajoute le président de l’Ufip. Leur but étant de placer l’offre de pétrole au-dessus de la demande, et de parvenir à une baisse des prix de l’or noir. Cependant, et c’est la clé de l’explication, l’Arabie saoudite et ses alliés (40% de la production mondiale de pétrole si l’on compte la Russie) en ont décidé autrement. 

«Les pays de l’Opep et la Russie se réunissent tous les mois pour définir une stratégie commune», explique Olivier Gantois. «La baisse des prix du pétrole nuirait à leurs économies respectives», abonde-t-il, «ils décident donc chaque jour de réduire leur production de pétrole et de garder quelque deux millions de barils sous le coude».

Un rôle de gendarme

Autrement dit, l’Arabie saoudite et ses alliés jouent un rôle de gendarme sur le marché du pétrole, en s’assurant d’un strict équilibre entre l’offre et la demande. Et les menaces de Donald Trump risquent de ne rien y changer. «Lors de son premier mandat, le style très agressif de Trump, était quelque chose de totalement nouveau à gérer pour les membres de l’OPEP et l’Arabie saoudite, affirme Nader Itayim, spécialiste des hydrocarbures pour l’agence Argus Media, basée à Dubaï. «Sauf que désormais, l’Arabie saoudite (qui dirige les pays de l’Opep, NDLR) a une position plus affirmée. Elle comprend très bien la position qu’elle occupe, son importance et elle sait également qu’elle n’a plus à être intimidée par les États-Unis», résume l’expert en hydrocarbure dubaïote. « En fin de compte, les membres de l’Opep feront ce qu’ils jugent nécessaire pour que le marché maintienne la stabilité et l’équilibre. Cela passera toujours avant tout ce que toute puissance extérieure leur dictera », conclut-il. 

Le prix à la pompe, ne baissera donc pas

En France, excepté les variations dues au niveau cours du dollar et de l’euro, le prix du pétrole détermine directement le prix de l’essence qui sort des raffineries.  En tout état de cause, «si les trois paramètres majeurs restent les mêmes (augmentation de la demande, augmentation de la production aux États-Unis et au Brésil, et volonté politique de l’Arabie saoudite de garder du pétrole en réserve), les prix à la pompe ne bougeront pas», répond Olivier Gantois. Et Donald Trump ne pourra rien y faire...