Une étude pour tout connaître de la santé d’un skipper du Vendée Globe

Le Vendée Globe ? Une épreuve de taille, doux euphémisme, pour le corps et l’esprit. Mais-a-on exactement idée des efforts que s’infligent les skippers et comment leur organisme et leur mental se mettent au diapason. Autant on parle régulièrement des progrès technologiques des bateaux, autant on est moins disert sur la résistance de la machine humaine.

Dans ce contexte, l’initiative lancée par Apicil est la bienvenue. Le groupe dédié à la protection sociale et patrimoniale (2500 salariés, 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires) soutient Damien Seguin, le navigateur qui court actuellement son deuxième Vendée Globe et a terminé à la septième place à l’issue du premier.

Concrètement, neuf indicateurs liés à la santé ont été sélectionnés en amont: la température corporelle, la fréquence cardiaque, la qualité du sommeil, l’oxygénation du sang, la tension artérielle, la perception du bruit, l’apport nutritionnel, le bilan hydrique et l’état de l’humeur.

Surcharge de travail 

À charge pour Damien Seguin de procéder quotidiennement à cette batterie de tests. Le marin sait bien qu’il s’agit d’une surcharge de travail pendant toute la durée de la compétition (autour de trois mois) mais il a accepté le principe pour établir un recueil d’informations particulièrement intéressantes à exploiter. « L’idée est que, grâce à des capteurs biométriques, nous puissions mesurer des données - transmises à terre, presque en direct -pour quantifier les ressentis », résume Jean-Marc Le Gac, médecin urgentiste à la Clinique du Ter. Sur ce dossier, le skipper et Apicil bénéficient de l’expertise de cet établissement basé à Lorient (Morbihan), au cœur de la « sailing valley ». Il est bien connu des marins du Vendée Globe, pour les former aux soins dans son centre de simulation. La clinique héberge aussi un département sport santé.

Toutes les données sont acheminées quasiment en temps réel à la cellule d’Apicil. Laquelle a prévu d’effectuer jusqu’à la fin de la course une synthèse hebdomadaire publiée sur le site internet uniquement consacré au Vendée Globe - mais sans la participation de Damien Seguin. Bref, un excellent moyen pédagogique pour expliquer - avec les experts de la Clinique du Ter - ce qui se passe à bord d’un point de vue santé et se rendre compte comment un marin est plongé au quotidien dans une épreuve hors-normes. Ces analyses auront aussi un intérêt pour l’exercice médical à terre.

Résilience

« À l’avenir, on pourrait imaginer un écran qui afficherait les indices d’hydratation, de glycémie, d’oxygène ou de tension, collectés grâce à une montre connectée », expose Bérénice Charrez. Cette ingénieure en biométrie et navigatrice aide le team voile Groupe Apicil dans ce projet de capteurs. «Cela permettrait de mieux comprendre ce que les marins subissent en mer, mais aussi d’optimiser une manœuvre ou de prendre une décision stratégique dans de bonnes conditions.» Certes, d’autres marins sont suivis un peu de la même manière pendant ces trois mois, mais aucun n’a prévu de publication des données de façon similaire, c’est-à-dire au fur et à mesure du parcours. Elles seront traitées une fois seulement la ligne d’arrivée franchie.

Damien Seguin est un athlète particulièrement résilient. Il a beau avoir remporté deux médailles d’or aux Jeux paralympiques (il est né sans main gauche, NDLR), cela ne lui a pas ouvert grand les portes de la course au large. Mais Apicil n’a jamais considéré ce handicap comme un obstacle. Au contraire, le groupe se réjouit d’une collaboration placée sous le signe de l’inclusion, avec cet objectif notamment de « pouvoir raconter une histoire, aux côtés d’un grand sportif et dans cet environnement ultra-stimulant qu’est la voile». 

Sur le Vendée Globe, le navigateur français peut se targuer d’avoir ouvert une voie supplémentaire : cette année, le skipper chinois Jingkun Xu a pris le départ ; à 12 ans, il a perdu son bras gauche après avoir manipulé un feu d’artifice. Lui aussi est un combattant. « Lors de la première édition effectuée par Damien, nous avions beaucoup communiqué autour de l’inclusion, souligne-t-on chez Apicil. La participation de Jingkun Xu constitue une avancée supplémentaire dans ce domaine, c’est aussi pour cela que cette année, nous nous sommes focalisés davantage sur la santé d’un skipper pendant la course. »