En Italie, des milliers d’hommes se sont échangé des photos volées de leurs femmes sur un groupe Facebook pendant six ans
« Voici une autre photo prise en cachette » « Bonjour ! Quelqu’un voudrait causer de ma femme à son insu ? » Voici quelques exemples de messages publiés sur le groupe Facebook « Mia Moglie » – « Ma Femme » en italien -, fermé le 19 août dernier par Meta. Actifs depuis 2019, ses membres s’échangeaient des photos plus ou moins intimes de leurs épouses, sans le consentement de ces dernières.
À sa fermeture, le groupe comptait quelque 32 000 membres et des centaines de publications. Des pratiques de pornodivulgation qui rappellent aussi les viols de Mazan : dans les deux cas, il s’agit de plusieurs hommes, intégrés dans la société, qui considèrent la femme comme un objet à s’échanger, sans s’intéresser ne serait-ce qu’à son consentement.
Sous ces quelques citations tirées de « Mia Moglie », souvent accompagnées d’émojis peu subtils, les clichés montrent des femmes en sous-vêtements, à la plage, dans une voiture ou au supermarché. D’autres publications sont explicitement à caractère sexuel ou font la promotion de l’inceste.
Des femmes victimes à leur insu
Alertée par des utilisateurs du réseau social, Carolina Capria, militante féministe italienne, a dénoncé l’existence de ce groupe dans une publication Instagram. « Ces femmes souvent inconscientes d’êtres photographiées, deviennent la proie de cyber-viols », s’est insurgée l’écrivaine et scénariste de profession, captures d’écran à l’appui.
Sa prise de parole a déclenché un tollé. En Italie, l’existence de « Mia Moglie » est signalée à la police, tandis que le sujet s’est retrouvé à l’ordre du jour d’une commission parlementaire sur les féminicides. Le Parti démocrate (centre-gauche) a condamné « l’existence de ces conversations misogynes déconcertantes et inacceptables ».
En Europe, l’affaire a provoqué une vague d’indignation. Si Meta a finalement réagi, d’autres communautés de ce type prospèrent toujours sur des plates-formes numériques dont la question de la régulation se pose. La semaine dernière, la mort en direct sur Kick du streamer Raphaël Graven – connu sous le nom de Jean Pormanove – faisait le tour du monde et posait les mêmes questions.
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