Réarmement de la France : reportage sur l'un des sites de production de missiles en France
Le départ d'un missile antichar de type Akeron résonne à notre arrivée sur le site de Selles-Saint-Denis, en pleine forêt de Sologne. C'est là, entre autres, que le missilier franco-britanico-allemano-italien MBDA met au point ces engins. L'entreprise, qui fait partie des leader mondiaux en matière de missiles, est en première ligne : si l'Europe entend se réarmer, et qu'elle peut de moins en moins compter avec les Etats-Unis pour ce faire, les armuriers du Vieux continent doivent pouvoir prendre la relève, et surtout produire plus, beaucoup plus et plus vite.
MBDA produit déjà des missiles toutes sortes : des courts, des longs, des antiaériens, des antichars, des antinavires, etc. Et le cœur battant de cette industrie, c'est ici, à Selle Saint-Denis, dans le Loir-et-Cher. Un site discret, entouré de bois et où on ne nous laissera rien enregistrer : téléphones portables sont interdits, la moindre étincelle ou rayonnement pourrait mettre le feu aux poudres. Littéralement : nous sommes ici en zone pyrotechnique.
"On a des matières actives qui vont pouvoir être utilisées dans le cadre d'un missile, soit pour le propulser jusqu'à un objectif, soit l'utiliser comme explosif, explique Olivier, l'un des cadres du site. On va avoir une charge militaire qui va être embarquée et qui va détonner au contact soit d'un bâtiment, soit à proximité d'un objectif qui peut être un avion de chasse. C'est la fusée de proximité qui va exploser et qui va être la charge de ce missile".
"Il faut doubler nos capacités industrielles sur un horizon très court"
Autre site de MBDA, à 50 km plus au sud, à Bourges : dans les 10 000 m2 d'atelier de montage, c'est là qu'on construit ces missiles. "Vous rentrez dans une entité qui s'appelle production mécanique électromécanique. Notre mission est de produire tout ce qui est pièces mécaniques et équipements électromécaniques de nos missiles, de nos lance-missiles et systèmes", présente Jérôme, responsable de la production.
Le site de Bourges n'est pas, à propos d'en parler, une usine avec chaîne de montage, etc. Chaque missile est, pour ainsi dire, assemblé à la main. "Il y a un an, on a eu une demande liée à l'économie de guerre de faire plus, plus vite sur un certain nombre de missiles. En gros, il faut doubler nos capacités industrielles sur un horizon très court. Donc ça, ça nous demande de lancer un plan de transformation comme on n'a jamais eu chez MBDA", précise Jérôme.
En un an, la production de missiles de MBDA a été augmentée d'un tiers et devrait avoir doublé d'ici fin 2025. Et les carnets de commandes se remplissent à toute allure. Vendredi 14 mars, France, Grande-Bretagne et Italie annonçaient l'achat conjoint de 218 missiles antiaériens chez MBDA.