Basket : Traoré/Essengue, des pépites (très) attendues pour leurs premiers pas chez les Bleus

Vent de fraîcheur. Quatre mois après l’épopée olympique et la finale (perdue) contre les Avengers américains, les Bleus ont bien changé. Exit Vincent Collet. C’est sous les ordres de Freddy Fauthoux que l’équipe de France est réunie depuis dimanche, à Nanterre, en vue des matchs contre Chypre (21 et 24 novembre) dans le cadre des qualifications pour l’Euro 2024. Changement sur le banc, changements dans l’effectif. Privé des joueurs évoluant en Euroligue et en NBA, Fauthoux n’a eu le loisir de convoquer qu’un vice-champion olympique, Andrew Albicy. Plusieurs néophytes, comme Brice Dessert (Strasbourg), Adam Mokoka (Cluj) et Jean-Marc Pansa (JL Bourg), mais aussi et surtout deux garçons promis à un brillant avenir, et à la NBA, les benjamins de la liste, Nolan Traoré et Noa Essengue.

Nés en 2006, ils évoluent respectivement au poste de meneur à Saint-Quentin et en tant qu’ailier ou ailier fort à Ulm, en Allemagne. Le second est annoncé dans le Top 20 de la prochaine Draft NBA. Le premier, dans le Top 5. «Ça fait rêver. C’est l’objectif de cette année. Je veux être le plus haut possible à la Draft. Je ne sais pas si ce sera Top 5 ou Top je ne sais combien, je veux juste jouer du mieux possible et je serai dans l’équipe qui me voudra», élude la pépite de 18 ans, souvent comparée à Tony Parker.

«Similitudes frappantes» entre Tony Parker et Nolan Traoré, mais...

Et c’est assez logique, sachant qu’il y a «des similitudes frappantes dans le jeu»comme le confirme Fauthoux. «Jeune âge, vitesse, meneur, mais ils ont un tempérament différent», constate le manager général des Bleus, Boris Diaw. Toutefois, Traoré a encore un peu de chemin à parcourir avant d’évoluer dans les mêmes sphères que «TP»… «Avoir la même carrière que Tony, c’est tout le mal que je lui souhaite», sourit Fauthoux. «L’avenir dira si on peut comparer. Ce jeu des comparaisons n’est ni simple ni bon. Il faut d’abord faire sa carrière. Ce sera mieux dans ce sens…», ajoute le nouveau sélectionneur. Une carrière qui débute sous les meilleurs auspices, avec par exemple 13,3 points et 4,3 passes décisives de moyenne en «BCL». 10,7 points et 5 «assists» en Betclic Elite. Déjà impressionnant, même si on lui reproche, à juste titre, de ne pas toujours se mettre dans le rouge.

Dès les premiers entraînements, Traoré n’a pas manqué d’impressionner ses petits camarades, Pansa en tête. «Assez rapide, très adroit, il met beaucoup d’intensité, il est toujours sous contrôle. J’ai un peu suivi ses matchs avec Saint-Quentin, mais de le voir en vrai, il m’épate», souffle le joueur de Bourg-en-Bresse. «Tu as l’impression qu’il joue déjà comme s’il avait 10 ans d’expérience. C’est déjà fou à cet âge-là»note le «grand frère» Albicy.

Ce dernier a par ailleurs décrit un joueur «discret à l’extérieur, ce n’est pas un gros communicant mais tu sens qu’il a une confiance en lui, qu’il est à l’aise, même parfois un peu trop (rires). Surtout quand je défends sur lui, il est parfois un peu trop facile, il a déjà perdu deux ou trois ballons (rires), mais il va apprend au fur et à mesure et il va s’endurcir. Et ce n’est pas tout le monde qui défend comme moi... C’est normal qu’il ait un peu de mal sur les premières actions mais il est tellement facile...», a encore indiqué le doublé médaillé olympique, qui a plus de sélections au compteur (104) que ses 11 autres coéquipiers… en cumulé.

Pour son âge, il est très costaud, athlétique, et quand il commence à rentrer les shoots extérieurs, ça devient très dangereux pour tout le monde...

Andrew Albicy sur Nolan Traoré

Une expérience qui va, évidemment, servir à Traoré. Freddy Fauthoux ne cache pas que «c’est pour ça aussi qu’on a pris Andrew, notre capitaine, pour l’accompagner dans ses premiers pas». Mentor mais pas jumeau. «On a un jeu complètement différent mais je peux l’aider sur certains trucsdécrypte l’ancien joueur du Paris-Levallois et de Gravelines-Dunkerque. Ce qu’il fait pour l’instant, c’est très fort, incroyable, il a beaucoup de responsabilités à Saint-Quentin et ça va nous servir pour les fenêtres et pour le futur. On apprend déjà à se connaître aussi. À part cet été, je n’ai pas eu le temps de le côtoyer, ça se fait progressivement et naturellement. Pour son âge, il est très costaud, athlétique, et quand il commence à rentrer les shoots extérieurs, ça devient très dangereux pour tout le monde...» Un doux euphémisme.

En attendant, «tout se passe bien, on commence à s’entraîner tranquillement, à créer des automatismes, tout se passe doucement», comme le souligne Traoré, taiseux et qui sort chaque mot comme s’il avait des lames de rasoir dans la bouche, mais qui ne souffre pas du poids des attentes et des regards posés sur lui. «Si on parle de moi, tant mieux, mais je m’en fiche, je veux juste jouer au basket. Je n’y prête pas trop attention», jure-t-il, lui qui se décrit comme un joueur «assez rapide, vertical, avec un corps assez longiligne» et qui voit cette première sélection comme «un honneur». Rappelons que le Francilien avait déjà mis un pied chez les grands Bleus l’été dernier, comme partenaire d’entraînement. Cette fois, c’est pour de bon. Et c’est aux côtés d’un joueur qu’il connaît bien, Noa Essengue, 18 ans le 18 décembre. «C’est plus un ami qu’un coéquipier», note-t-il, assurant que c’est «super cool de jouer avec lui en équipe de France».

Essengue, «un excellent joueur, il a de grosses qualités, déjà son corps, très grand, très longiligne, il saute haut, et maintenant il développe son shoot en plus. Forcément, ça va devenir un très bon joueur», promet Traoré. «C’est un joueur très athlétique, avec une dimension physique assez impressionnante, très longiligne, capable de défendre sur des grands ou des petits. J’avais joué contre lui en match amical avec Bourg-en-Bresse en préparation. Le voir à ce niveau, c’est impressionnant», s’enthousiasme Pansa. «C’est toujours bien de fréquenter ce genre de personne, qui a ce genre de talent, les voir progresser», explique Dessert.

Essengue «profilé pour le très haut niveau»

Freddy Fauthoux, lui, est évidemment ravi de compter sur les deux jeunes phénomènes. Le nouveau patron des Bleus pourra d’ailleurs s’appuyer sur un réservoir impressionnant de jeunes talents dans les mois et années à venir, avec bien sûr Victor Wembanyama, mais aussi Bilal Coulibaly, Zaccharie Risacher ou Alex Sarr pour ne citer qu’eux. 

Pour ce qui est de Traoré et Essengue, c’est une première qui en appelle d’autres, personne n’en doute, même s’ils ne seront sans doute pas disponibles pour l’Euro 2025 l’été prochain, Draft NBA oblige. «Nolan est un joueur qui a de vraies qualités de très bon basketteur, il joue plutôt bien avec Saint-Quentin dans ce début de saison, c’est sa première année en coupe d’Europe, on suit son évolution et on espère qu’elle sera identique à l’espoir qu’on se fait du basketteur qu’il peut devenir. C’est donc normal qu’on le prenne sur cette première fenêtre pour voir ce qu’il peut faire au niveau international. À chaque fois ce sont des strates différentes, un peu plus hautes, et on a besoin de voir des joueurs pour l’avenir», glisse le sélectionneur.

Et d’ajouter, au sujet de Noa Essengue, qu’on a vu mettre 20 points aux NBAers de Portland en amical cet automne : «C’est un joueur profilé pour le très haut niveau. On le voit avec Ulm. C’est un joueur moderne, qui sait marquer de près, attaquer le cercle, marquer à trois points, des joueurs complets comme il y en a. Il a 17 ans, 18 ans bientôt, on rêve d’une vraie évolution, comme lui. On verra ce que ça donne dans le futur. J’aimerais qu’il s’exprime comme en club. Il n’y a pas plus d’attentes pour les uns ou les autres, Nolan ou Noa, ce sont de jeunes joueurs, ils ne vont pas jouer leur carrière jeudi et dimanche, mais on verra ce qu’ils peuvent produire à l’entraînement et en match. On attend qu’ils montrent des choses sur et en dehors du terrain.» Il n’y a plus qu’à. Rendez-vous ce jeudi à Nicosie.