Lyon : un homme condamné à huit ans de prison pour le viol sur les quais de Saône filmé sur Snapchat
Le Figaro Lyon
Deux réactions opposées qui auraient pu conduire le dossier vers deux issues différentes. Près de deux ans jour pour jour après les faits, la cour d'assises de Lyon s'est retrouvée en ce début de semaine devant une affaire de viol inhabituellement documentée. Les faits survenus sur les quais de Saône au petit matin du 19 juin 2022 ont en effet été filmés et photographié par plusieurs témoins. Mais avec des visées pour le moins différentes. Un groupe de jeunes situés sur l'autre rive a diffusé la scène sur le réseau social Snapchat, quand un riverain a pris des photos comme preuve avant de prévenir la police. Une intervention salutaire puisqu'elle a permis l'interpellation du coupable par une brigade de Bac arrivée rapidement sur les lieux. Et sa condamnation à huit ans de prison mardi soir, pour neuf requis, selon une information du Progrès confirmée au Figaro.
Cet Algérien de 32 ans visé par une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) avait d'abord dérobé le téléphone de sa victime, une jeune fille qui rentrait de boîte de nuit à destination de la gare en empruntant le quai Pierre Scize, seule après une dispute avec son petit ami. Elle avait retiré ses escarpins pour marcher plus vite. «Elle l'a poursuivi jusqu'à ce qu'il descende sur les berges et lui fasse une balayette pour la faire tomber à terre, raconte l'avocat de la victime, Me Bénédicte Del Vecchio-Zinsch. Il l’a menacée avec un tesson de bouteille pour la forcer à faire une fellation avant de lui imposer une pénétration vaginale et anale». Aucune analyse scientifique n’a cependant été effectuée sur le tesson, a souligné en défense Me Amandine Fabrègues. Reste que la menace par arme a été retenue par la cour criminelle.
Voisin diligent
L'accusé a évoqué une relation consentie, puis tarifée avec une prostituée sur ces bas ports de la Saône. Devant les magistrats il a nié la contrainte. Une version qui avait été accréditée par le récit de trois jeunes hommes âgés de 23 à 30 ans et présents sur l'autre rive au moment des faits. Ils avaient même filmé la scène depuis les barges du quai Saint-Vincent avant de la diffuser sur Snapchat. «Ils ont dit des choses gravissimes, n'ayant rien vu mais se permettant d'interpréter que ma cliente était consentante car elle courait après son agresseur et d'évoquer un acte de prostitution, éructe Me Del Vecchio-Zinsch. Cela aurait pu faire dérailler le dossier mais la vidéo a finalement permis de monter la jeune femme crispée, et l'absence de consentement».
Des faits photographiés aussi par un riverain, retraité de 69 ans d'origine allemande, descendu de son immeuble pour prévenir la police après avoir pris les clichés. Les policiers en patrouille sur le secteur avaient fini par rattraper le coupable, alcoolisé et sous cocaïne, dans une volée de marche du Vieux-Lyon. Toxicomane, le trentenaire qui avait transité par plusieurs pays européens, se voyant refuser une demande d'asile en Allemagne, était arrivé depuis sept mois en France. Si la cour a retenu une altération du discernement en raison d'importantes prises d'anxiolytiques, il purgera sa peine en établissement pénitentiaire et fera ensuite l'objet d’une interdiction du territoire français.