Kanaky – Nouvelle-Calédonie : Christian Tein appelle à un « rejet clair et sans ambiguïté » de l’accord de Bougival, alors que le FLNKS doit anoncer sa position finale

La position finale du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) s’apprête à être connue sur l’accord historique de Bougival. Des responsables du mouvement indépendantiste kanak ont indiqué à l’Agence France-Presse rendre leur décision publique, mardi 12 août. L’ensemble des structures (partis et syndicats) qui composent le FLNKS se sont toutefois d’ores et déjà prononcées contre cet accord.

L’État et les représentants des forces politiques de Kanaky-Nouvelle-Calédonie (KNC) avaient signé le texte, le 12 juillet, à Bougival – nom de la ville des Yvelines où se sont tenues des négociations serrées. L’accord s’inscrit dans la continuité historique des deux grands autres, celui de Matignon-Oudinot (1988), et celui de Nouméa (1998).

Le texte de l’accord prévoit notamment la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie » et d’une nationalité calédonienne, ainsi que la possibilité de transférer des compétences régaliennes (monnaie, justice, police). Mais il ne prévoit pas de nouveau référendum sur l’indépendance.

L’appel à un rejet « clair et sans ambiguïté » de l’accord

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a annoncé, dimanche 10 août, qu’il se rendrait en Kanaky-Nouvelle-Calédonie durant « la semaine du 18 août » sur le réseau social Facebook. « Je ne me résigne pas », a-t-il déclaré. « Tout porte à croire qu’il aurait été décidé un rejet de l’accord » sur un nouveau statut du territoire. « L’accord de Bougival n’est pas tombé du ciel. Il est un compromis historique, fruit de mois de travail (…) avec toutes les délégations y compris celle du FLNKS. Chacun y a apposé sa signature », a-t-il avancé.

De son côté, lors de l’ouverture du congrès du FLNKS, samedi 9 août, à La Conception, en banlieue de Nouméa, le président du mouvement, Christian Tein, a appelé, dans une déclaration lue par une militante, à un rejet « clair et sans ambiguïté » de l’accord. Le leader kanak a assisté aux débats par visioconférence : sous contrôle judiciaire, le militant indépendantiste est interdit de séjour dans l’archipel français du Pacifique.

Libéré le 13 juin après un an de détention provisoire à la prison de Mulhouse-Lutterbach (HautRhin), il est accusé d’avoir orchestré les révoltes qui ont embrasé la Kanaky-Nouvelle-Calédonie Calédonie en mai 2024. Christian Tein, dit Bichou, a également indiqué que les dispositions de l’accord n’étaient « que l’illustration du mépris de la puissance administrante à l’égard de notre combat pour la reconnaissance en tant que peuple colonisé ».

Le dirigeant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) a prôné la « poursuite du dialogue », mais « uniquement sur les modalités d’accession à la pleine souveraineté », « en format bilatéral » avec l’État et ce « jusqu’au 24 septembre », comme en avait décidé le précédent congrès du mouvement, tenu en janvier. « Nous devons capitaliser sur nos atouts et les valoriser au mieux afin d’accéder à la pleine souveraineté au plus tard avant les élections présidentielles de 2027 », a-t-il conclu.

Celui qui est devenu le symbole d’une répression judiciaire coloniale indiquait un an plus tôt, dans nos colonnes : « Nous, les Kanak, nous savons les raisons pour lesquelles on avance, quel est notre combat commun. C’est un combat de longue haleine », déclarait-il au moment où il était incarcéré à 17 000 kilomètres de chez lui.

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